Jacques Daniel – Lithographie – Tous droits de reproduction réservés
Je me suis dévêtue pour monter à un arbre ;
mes cuisses nues embrassaient l'écorce lisse et humide ; mes sandales
marchaient sur les branches.
Tout en haut, mais encore sous les feuilles
et à l'ombre de la chaleur, je me suis mise à cheval sur une fourche écartée en
balançant mes pieds dans le vide.
Il avait plu. Des gouttes d'eau tombaient et
coulaient sur ma peau. Mes mains étaient tachées de mousse, et mes orteils
étaient rouges, à cause des fleurs écrasées.
Je sentais le bel arbre vivre quand le vent
passait au travers ; alors je serrais mes jambes davantage et j'appliquais mes
lèvres ouvertes sur la nuque chevelue d'un rameau.
.
Je regarde la place vide, le bois désert,
la terre foulée. Et je mords mes poings jusqu'au sang et j'étouffe mes cris
dans l'herbe.
*
Bibliographie
- Les Chansons de
Bilitis, éditions Albin Michel, Club français du livre, 1963
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qui que vous soyez, vous êtes le bienvenu, avec vos commentaires qui sont modérés. Il vous faudra attendre avec patience leur modération pour les voir apparaître au bas de chaque article. Merci de votre compréhension