dimanche 11 mai 2014

Louis Brauquier


La vie est une aventure
Qui part pour l’éternité.
Je compte les encablures
Qui traînent ma destinée.
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Il est dans mon destin de choisir mes amis
Parmi ceux-là qui passent,
Et de me trouver seul aux heures où la vie
Blesse mon âme lasse.
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N’as-tu point d’autres souvenirs
Qu’une montée de crépuscule ?
- J’ai le souvenir qui me brûle
D’un épuisant après-midi.

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Bibliographie




- Je connais des îles lointaines, éditions La Table Ronde, La petite vermillon, 2000



samedi 3 mai 2014

Jorn Riel



Les jours succédèrent aux nuits, dit-elle, et les étés aux hivers. Ainsi s’écoulèrent les années. Le paysage passait du blanc au brun, puis au vert. Il se figeait dans l’obscurité et reprenait vie à la lumière. Il y eut des années de famine et d’autres d’abondance et de joie. Les hommes naissaient, vivaient et mouraient et, pendant longtemps, ils restèrent fidèles à la nature.

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Bibliographie




- Soré, éditions Gaïa, 1997


vendredi 2 mai 2014

Gabriel Garcia Marquez


Il tenait à la main une valise pleine de linge et dans l’autre une valise identique renfermant les quelques deux mille lettres qu’elle lui avait écrites. Elles étaient classées selon leur date de réception, en liasses ficelées avec des rubans de couleur. Et aucune n’était ouverte.
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Les coqs de l’aube nous surprenaient  en train d’essayer de reconstituer la chaîne des nombreux hasards qui avaient rendu l’absurde possible ; et il était évident que nous n’agissions pas par simple désir de percer le mystère, mais parce que personne parmi nous ne pouvait continuer à vivre sans savoir  exactement  la place et la mission que la fatalité lui avait assignées.

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Macondo était alors un village d’une vingtaine de maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d’une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des œufs préhistoriques. Le monde était si récent que beaucoup de choses n’avaient pas encore de nom et, pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt. Tous les ans, au mois de mars, une famille de gitans déguenillés plantait sa tente près du village et, dans un grand tintamarre de fifres et de tambourins, faisait part des nouvelles inventions.

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Bibliographie


- Chronique d’une mort annoncée, éditions Grasset/ le livre de poche, 1981



- Cent ans de solitude, éditions du Seuil/ Points, 1995