jeudi 31 mai 2012

Carole Martinez


« C’est nous, les Gitans, qui faisons tourner la Terre en marchant. Voilà pourquoi nous avançons sans jamais nous arrêter plus de temps qu’il ne le faut. Mais toi, pourquoi marches-tu, la belle, pourquoi chemines-tu comme les cigognes en hiver vers le sud, avec ta nichée derrière toi et tous leurs petits pieds sanglants ? Pourquoi leur imposer un tel voyage ? »

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Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l’oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches.
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Certes ton époque n’enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l’abri de la folie des hommes. J’ai vu passer les siècles, l’histoire n’a jamais cessé de chambouler nos vies et les évidences sont infiniment fragiles.
Les certitudes sont de pâte molle, elles se modèlent à volonté.

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Bibliographie





- Le cœur cousu, éditions Gallimard/Folio, 2007



Du domaine des murmures, éditions NRF Gallimard, 2011

mercredi 30 mai 2012

Claude Louis-Combet


Eclats. Ce sont des mouvements, une agitation excitée, désordonnée, une fièvre d’hommes pressés d’aller – et, dans le brouillard de cet automne à l’infini, un grouillement fantomatique de formes sans cohésion autre qu’un conglomérat de hasard. Nul ne pourrait dire où le conduit la marche, vers quoi l’on s’avance ni même, à proprement parler, si le but est une offensive, un repli stratégique, une retraite humiliée.

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Il se voyait fauteur du mal et du malheur. Il reconnaissait les gestes. Il reconnaissait les ombres – et le passage obscur de son être d’où était née la nécessaire image de sa sœur. Elle était sa création. Il l’avait identifiée de poème en poème – forme de son tourment, horizon de la beauté qu’il traquait dans les mots. Mais dans le même temps, elle l’avait créé, lui.

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Elle avait ouvert la fenêtre comme pour respirer la lumière. Le ciel était très sombre, bleu marine au bord de l’horizon et son entaille, par laquelle coulait tout le sang du soleil, s’amenuisait, s’obscurcissait rapidement en une sourde lueur.

Elle se tenait penchée largement par-dessus la barre d’appui et comme, à la vitesse d’un éclair et avec la précision d’une mémoire soudain ressuscitée, se dessinait, dans la fente de l’heure, à son regard entier, brûlée par le temps, transverbérée, l’image d’une petite fille allongée, nue, dans le miroir d’un grenier, face à une ombre qui la contemplait -, elle se précipita sans un cri dans le vide. Et son corps s’écrasa, rebondit et retomba, replié.

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Bibliographie

-          Blesse, ronce noire, éditions José Corti, Les Massicotés, 2004

mercredi 23 mai 2012

Gérard Arseguel, Le journal du bord de terre


Le poète, assis, jambes pendantes au bord du monde

À propos de Gérard Arseguel, Le journal du bord de terre, éditions Virgile, collection Ulysse fin de siècle.

On connaissait l'art des surréalistes qui consistait en coupures de phrases dans les grands quotidiens, en leur mélange au creux de leur chapeau et en réécritures ésotériques liées au hasard de la résurgence de ce vocabulaire emprunté.

Gérard Arseguel plonge avec délice dans ces jeux. Avec des yeux acérés il décortique la presse locale, il y détecte le verbe savoureux, y cherche avec ardeur le bon mot et la métaphore subtile. Il s'ensuit un déluge de rapprochements étranges, comme étrangers à eux-mêmes, rendus aux antipodes de leur origine.

Gérard Arseguel joue avec dextérité, son poème prend une étrange résonance en ces lieux où rien ne parvient plus du monde que les pauvres piges de journaux en creux. Il nous démontre par la même occasion combien la pauvreté de ces lieux en marges du monde, l'immobilisme de la pensée qui domine la préoccupation de leurs autochtone, rend vaine toute élévation de l'esprit. La banalité des phrases piégées ici et là au gré des saisons nous laisse entrevoir cette vie des confins, cette vie des bords du monde que rien ne vient atteindre ou toucher tant le temps s'est définitivement arrêté, la vie suspendue devant le vide de l'existence.

Rien n'existe plus au fond en ces espaces qui se veulent préservés mais qui, au nom de la sauvegarde d'une nature paisible, en oublient le monde, ou font comme s'il n'existait pas.

Et c'est dans les longues heures de l'hiver que la lecture du journal demeure cet éphémère lien avec le monde extérieur. Les courtes journées, la nuit qui désertifie le pays dès les dernières heures de l'après-midi, les volets qui se ferment sur une vie de reclus, apeurés, terrifiés, soupçonneux, craintifs: ne pas ouvrir la porte, ne pas sortir de crainte de..., ne pas adresser la parole au voisin au cas ou...

D'octobre à janvier ne restent que des phrases anodines comme réminiscence d'être ou d'avoir été. On imagine volontiers la terre autour se déchirant dans d'ultimes convulsions, tandis qu'en un lieu isolé, des êtres ignorants de tout croiraient au privilège de vivre hors de portée de la violence qui s'exprime au grand jour à deux pas de chez eux.

Le collage nous parle de voyages et de belote, de sangliers et de sortie des pompiers. Le collage nous sert le petit monde de ces villages fantômes que nulle âme ne vient animer au fond de leur hiver. Le collage nous met devant la misère et l'indigence du quotidien. Et c'est une révélation qui nous emporte jusqu'à ce bord de terre, ce lieu mythique habité par le poète et qui vibre à l'unisson de cette misère ordinaire.

L'aphorisme entre alors en jeu comme le journal le plus subtil qui puisse dire l'immobilité de ces lieux.

"Au bord de rien, la feuille du figuier,

de l'air, de la tendre aphasie."

Le poète s'assoit au bord de la terre, il balance ses jambes dans le vide de l'existence, d'une phrase il vient nous chuchoter la vanité de nos quêtes, de nos batailles pour l'acquisition de biens éphémères.

Il nous entraîne avec une infinie tendresse dans le frémissement d'une terre pacifique quand les hommes veulent bien lui laisser la parole :

"Le roitelet sous l'auvent. Il pèse moins  

que la gauloise que j'allume, en le regardant.

Insaisissables oiseaux, mes amis."

On se laisse donc aller au fil de ce temps immobile, de cette terre qui ne laisse rien entrevoir après elle. On se laisse aller au silence et à la vanité de toute parole.

Gérard Arseguel a tenu son pari, il nous a démontré que l'isolement n'est pas inéluctablement une fuite, si les yeux, les oreilles et nos sens savent rester en éveil et vibrer au doux son de la terre qui nous porte et nous emporte dans sa folle course universelle.

Xavier Lainé

Manosque, La Burlière, Ferrages de Guilhempierre

26 juin 2004
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Un temps où chaque livre lu avait droit à son article, publié ici :

mardi 22 mai 2012

Claude Albarède, Ajours

"La vie est un voyage"
à propos de Claude Albarède, Ajours,
éditions L'arbre à Paroles, collection traverses.
C'est toujours un plaisir d'ouvrir un ouvrage de L'arbre à paroles, c'est toujours un plaisir pour la qualité du papier, pour la relation charnelle qui s'établit d'entrée avec le livre.
C'est un plaisir admiratif aussi du courage de publier autant, et de la poésie de surcroît. Car il en faut du courage sur ce territoire inutile, et pourtant aussi nécessaire que l'air que l'on respire.
C'est un plaisir enfin par les découvertes que l'on fait à l'ouverture de la boîte aux lettres, et de l'enveloppe qu'elle contient.
On découvre par exemple Claude Albarède. On le découvre alors qu'il n'en est pas à son coup d'essai, mais comment savoir ce qu'un poète publie quand ses ouvrages ne sont quasiment pas diffusés, que la plupart des libraires ignorent un genre littéraire bien plus durable que la littérature people en vogue sur le PAF.
On ouvre Claude Albarède, on glisse de page en page avec légèreté, l'œil se fait complice de ses errances poétiques au creux de vallons ensoleillés. Car la poésie jaillit aussi de la contemplation naturelle des choses. Le poète est d'abord cet être contemplatif qui se laisse traverser par une ambiance, une chaleur ou l'ombre de la nuit. Le poète est cet être dont la chair frémit de chaque seconde passée au chevet du monde.
Et, lorsque sa plume affleure la page, c'est toute la responsabilité du monde qui le porte à écrire. Toute sa complexité aussi qui prend langue au détour des mots.
Claude Albarède nous invite non à le suivre dans un chant à la suavité bucolique, mais à lui emboîter le pas en ses cheminements diurnes et nocturnes. Il nous invite chez lui avec cette chaleur méditerranéenne qui fleure le pays sec, la lumière éclatante et la douceur fraîche de la nuit. Douceur propice aux songes, aux rêves et aux muses.
L'écriture se fait saisonnière, on reste étonnés d'une telle légèreté. Mais sans doute est-ce pure philosophie que de détecter la caresse d'une aile dans un monde qui ploie sous le fardeau de l'immonde. Sans doute est-ce nécessité de proclamer en cet espace de mots, l'impérieux besoin de s'inventer des respirations pour ne pas sombrer.
Le poète est celui qui nous montre la respiration sur la partition de la vie. Il est celui qui nous prend la main et nous dit: "Vois, c'est ici que tu souffles un peu avant de reprendre ton chant".
"Aux lisières perdues
sans partitions et sans errances
on a parfois dans l'herbe
une impression d'été
un cœur de vieille souche
où s'agenouille
l'amadou."
Le poème se fait alors prédicateur d'un avenir autre, un avenir dégagé de toutes vicissitudes quotidiennes, un avenir libre de contraintes, léger comme l'aile des anges qui peuplent tant et tant de nos nuits poétiques. Le poème est un égarement dans le monde tangible, son anachronisme nous mène au bout de l'humain, si extrémité il peut y avoir dans l'adaptation sans fin de notre espèce qui doute.
"Il attend l'avenir
ce rêveur solitaire
qui lustre les objets
balaie devant sa porte"
Il attend l'avenir et le prépare aussi. Il en fait ce que le monde refuse de devenir, il lui confère une raison d'exister qui détourne nos pas de la course suicidaire. Il nous fait nous asseoir au bord du gouffre pour observer la divine grandeur de l'horizon quand tous se précipitent dans le vide.
C'est un hymne d'espoir et d'amour, une musique retrouvée que l'on croyait perdue. Le poème se fait guide pour nos pas égarés.
"Quand la lumière s'accroît
par le poème
la page peu à peu
redevient blanche."
C'est un rempart aussi contre l'usure du temps. C'est une digue dressée contre la marée qui nous submerge et nous empêche de voir. Car pour ouvrir notre cœur à la sensibilité du monde, il nous faut voir avec lucidité où nous mettons nos pieds. Il nous faut vaincre l'usure du temps. L'écriture n'est-elle pas au fond cette bouée qui nous sauve depuis la nuit des temps?
"L'usure est une trace une écriture
qui peu à peu
pourrait percer".
C'est en même temps prendre pour acquise la fragilité de l'existence; c'est sentir la précarité de notre passage, l'éphémère de ce que nous sommes. C'est aborder aux rivages de l'humilité quand la prétention mène le monde ; revenir à la terre berceau de notre incarnation temporaire ; traverser, se laisser traverser par le soupir des vents, s'assimiler à eux pour goûter davantage la précarité de notre être.
"Quoi traverser ?
La vie est un voyage.
Qui n'a qu'un bord."
Voyage, voyage qui nous mène d'une rive à l'autre sans jamais trouver le bord. Nous voici portés, emportés au-delà des mots par le silence d'une vague, par le calme de la nuit qui borde nos souvenirs. Le poème se fait chant, davantage chant pour bercer encore d'un somptueux espoir le jardin de nos rêves. C'est douceur dans l'âpreté de nos trajectoires. C'est lumière dans le placard sombre de nos erreurs.
"L'espoir c'est la racine
qui fourrage dans l'erreur."
Il nous faut enfin revenir à ce qui nous est essentiel, ne pas emboîter le pas de nos égarements, goûter au détour du poème ce qui nous donnerait le goût de vivre et de survivre, simplement, pour une chose aussi inutile qu'une douce poésie.
"Asseyons-nous contre la lampe
pour décider de choses simples:
de la beauté qui se dérobe
de la raison bouleversée
de l'espérance à l'aveuglette
frôlant des roses
Pour décider de choses sûres:
le chant de l'aube dans les buissons."
Le poème est cet acte définitif sans lequel nous ne saurions survivre.
Xavier Lainé
La Burlière, Ferrages de Guilhempierre,
Manosque
29 avril 2004
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Note précédemment publiée sur Littérature.net :



samedi 19 mai 2012

Jean-Luc Mélenchon


L’argent a toujours eu une odeur. Il n’est jamais le simple instrument d’échange qu’il prétend être. Car toutes les sociétés qui l’ont utilisé ont été des sociétés de classe, donc des systèmes de domination des uns sur les autres. Il les a durcis. Car la naissance de l’argent a permis que soit accumulée la richesse en dehors de sa réalité matérielle immédiate. Il a permis de différer l’échange. L’argent fait voyager dans le temps les envies et les objets qui les assouvissent. Je mangerai demain les poissons que je peux m’acheter aujourd’hui car il y aura toujours quelqu’un pour le pêcher à ma place si je le paie pour ça. L’argent est un frigo. Il stocke en conservant intact le pouvoir de celui qui l’accumule. Et justement parce qu’il a ce pouvoir, il permet d’oser ce qui aurait été inenvisageable sans cela : prendre aux autres davantage que ce dont on a besoin. Dans ces conditions, qu’on en ait beaucoup ou qu’on en manque, l’argent est toujours la mesure de la prédation des uns sur les autres. De là je déduis que de toutes les maladies humaines la cupidité est la plus antisociale.

Les pouvoirs symboliques et culturels sont des denrées périssables dont il faut sans cesse prouver de nouveau les raisons d’être pour reproduire du consentement à son autorité. Le pouvoir de l’argent ne nécessité aucune preuve pour s’exercer. Il vient, il se donne, il prend. Tout le monde consent. La dureté du pouvoir de l’argent résulte de cette nature intime et du consentement universel qui la protège. En ce sens, la richesse individuelle, c’est-à-dire l’accumulation privée de beaucoup d’argent dont on n’a pas besoin, est en soi inhumaine, c’est-à-dire au-delà d’une nécessité humaine. C’est donc un abus de pouvoir et une incitation à tous les abus de pouvoir.

L’argent se présente comme un équivalent entre les moyens de satisfaire nos besoins. En cela il semble postuler notre commune humanité. Il semble même incarner la part la plus humaine de nous, celle qui s’accomplit dans l’échange ! Trompe-l’œil ! Car qu’est-ce qui est fondamentalement humain ? je veux parler de ce qui distingue un échange humain de tous les autres systèmes d’échanges et de symbiose dans la nature ? Ce qui se donne sans contrepartie ; Donc ce qui est gratuit dans l’échange. Sur ce seuil, l’argent est nu comme un ver sans pouvoir. Le carrosse n’est même plus une citrouille ! Mais alors commence le territoire de l’amour et de la fraternité.

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Bibliographie

-          L’argent, cette imposture ! L’humanité, jeudi 10 mai 2012


Arthur Dreyfus, La synthèse du camphre


Drôle de goût pour une étrange rencontre

A propos de « La synthèse du camphre », d’Arthur Dreyfus, publié chez Gallimard

Je ne devrai rien dire, rien écrire, tant la peur s’installe de blesser, d’enfreindre la sacro-sainte loi qui s’impose de respecter par le silence les livres incompris.

Arthur Dreyfus nous a fait l’honneur de venir hanter les rues manosquines, lors des dernières « Correspondances ».

Je n’avais guère apprécié sa prestation, avais commis le crime de l’écrire. Il s’en est suivi un bref échange téléphonique, puisqu’il avait pris la peine de me joindre. Nous devions nous revoir. Il est parti glaner un prix sous d’autres cieux, sans que nous puissions échanger vraiment.

J’eus beau affirmer qu’on ne critique que ce qu’on aime, l’échange s’en est arrêté là.

Mais j’ai pris la peine de lire avec attention son roman. Si j’y reviens c’est pour dire toute mon incompréhension.

Mon incompréhension, mais aussi mon attirance : car se profile derrière l’ouvrage une plume encore malhabile.

Ce serait mensonge de dire que je n’ai pas aimé. Ce serait même erreur que d’affirmer que je fus transporté.

Je suis simplement resté dubitatif. Car je n’ai pas bien compris le croisement de ces deux histoires. Même si, à la fin, il s’éclaire (bien qu’il ne soit pas impossible de saisir dès le début les filiations internes au roman).

Mais voilà : autant je me suis laissé transporter par le drame de Félix et de son frère Victor, déportés, et de cette difficulté si fréquente à relater ce qui fut de leur vie, au seuil de la mort latente ; autant la pauvre histoire de ces deux êtres qui se découvrent dans leur amour homosexuel par mail interposés, pour finalement laisser supposer à une somptueuse manipulation d’un obsédé comme il en erre tant sur cette toile incontrôlable (et dont je ne souhaite absolument pas le contrôle absolu), m’a laissé dubitatif.

Quel rapport entre l’atrocité des camps et cette frivolité qui agite le microcosme mondial ?

Me voilà donc, contraint par cette brève conversation téléphonique d’exprimer mes doutes. Non pour salir ou démolir, mais pour m’interroger : jusqu’où peut-on mélanger les genres ?

L’histoire de Félix a la force de l’indicible. Celle d’Ernest sonne faux d’un bout à l’autre, car elle ponctue la première d’une question permanente : quel rapport entre l’une et l’autre ?

Je suis resté sur ma faim. Je suis resté dans mes doutes, mes incompréhensions. Arthur Dreyfus m’en voudra-t-il cette expression, ce bémol mis aux prétentions bien naturelles, lorsque, si jeune, on trouve son premier roman publié chez Gallimard, et titulaire de nombreux prix des lycéens ?

J’aimerais lire ce que les lycéens en question ont pu saisir de ce curieux entrelacement de destinées. Or, je ne le saurai sans doute jamais, et, peut-être même, comme beaucoup d’autres, ce roman ne sera-t-il qu’une étoile filante au ciel de la littérature parisienne. Ce serait regrettable car on peut y entrevoir une belle plume en devenir.

Xavier Lainé

Manosque, 21 décembre 2010
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Note précédemment publiée ici, sur Littérature.net :