lundi 21 novembre 2011

Lounès Matoub


Paix sur toi ma terre,

Oubli des souffrances endurées;

Les larmes sont ma seule possession.

Je crains de perdre souvenir du printemps,

Je vivrai en pauvre affamé;

J'aurai convoité sans conquérir.

Serais-je constant, ma jeunesse aura passé.

Je suis semblable à la perdrix

Qui s'abat, périt sur les plants de laurier.

*


Plutôt rompre que plier

Plutôt rompre que plier,

Maudits soient-ils

Qui ont suivi le serpent dans son trou.

Tant que nous sommes vivants nos yeux verront.

Nous sommes las d'attendre;

Aujourd'hui le sort est bouleversé.

Le mot sur quoi ils déversent leurs immondices

Avec la fierté sera vivifié:

Quel arbre pousse sans racine?
.

Qu'il batte de ses ailes,

Emporte ses enfants

Et prenne la fuite, l'épervier.

Le prisonnier essuiera ses larmes

C'est l'heure de la revanche,

La vérité occupe tous les lieux.

Libéré, il retrouvera sa terre,

Qu'il bâtisse son foyer,

Et se tienne debout, un drapeau sur le seuil.
.

Le sort nous offre notre identité réelle,

Tamazight fait notre joie;

L'aurore se lève sur les montagnes.

Un été de douleur a passé,

Puis un hiver impitoyable;

La peur siégeait à visage découvert.

Le temps jadis est jadis, toujours nous saignions.

Il est temps de vivre dans le bonheur;

Notre pays sera oint de prospérité.
.

Voici l'été revenu.

Les bouleversements sont proches,

Nous exhumerons la vérité.

Les racines des ancêtres sont tenaces,

Vont en quête de nous,

La rouille a rongé les jougs!

Pour un mot, nous nous dresserons,

Le sort nous voit avec faveur,

Allons, vite, à nos montagnes!
.

Ces nantis qui tiennent le pouvoir

N'ont que mépris pour toi et moi.

Porte plainte, ils sont l'Etat!

En ce lieu où se terrent les serpents,

Le regard du vizir pour son sultan,

C'est le regard du loup pour le mouton.

Une fois livrés à eux-mêmes,

Les ânes s'extermineront.

L'ouvrage achevé, visitez leur étable...
*


Zemreγ am kenvi ad iliγ

Asm' akken legg°aγ zzman

A d-ssisseγ ayen ak° nwiγ

Taggara ugadeγ ilefdan

Hettmeγ di lebγi ayen bγiγ

Bγiγ ssef imeγban

Xas akka di tesga kfiγ

Ur ndimeγ g wayen idran

.

J'eusse pu agir à votre ressemblance,

Du temps que les jours étaient lisses;

J'aurais fertilisé tous mes desseins, mais

A la fin je craindrais de me salir les mains.

Je sais ce qu'en ma volonté je veux;

Je veux le camp des opprimés;

Bien que je sois ainsi dans un coin, exténué,

Je ne regrette rien de ce qui advint.

*
Bibliographie

- Mon chant est un combat, Chants amazighs d'Algérie, traduction et présentation par Yalla Seddiki, éditions La découverte, 2003

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