mercredi 23 novembre 2011

Jean Métellus



Martin Luther King (1929-1968) - Extraits

Dans le miroir, dès l’aube, au moment du rasage
Il contemplait les joues pulpeuses de son visage
Une moustache sans faute sur ses lèvres éloquentes
Témoin des ruses déjouées, des mensonges traqués
Illuminait son teint, son sourire et sa bouche
Et avivait encore l’éclat de son regard

Il regardait le monde avec des yeux d’enfant
S’ingéniant tous les jours à combattre la colère
Sous la pression vibrante et fervente de sa foi
Ses frères en prière furent conduits par la grâce
Soulevés par l’enthousiasme aux portes de l’espoir
Là où toujours s’allient amour et liberté


Sa voix coulait tel un long fleuve sans âge
Déposant sur chaque plaie le baume de l'espérance
Sur chaque foyer sans feu une chaleur fraternelle
Et sur les soirs torrides une fraîcheur musicale.
Clairière au fond des bois, oasis dans le désert
Tel un immense feuillage, sa voix grave, apaisait
Dénonçant les affronts qui égarent la raison
Réduisant au silence les exterminateurs


Que nos cœurs dispensent la rosée
Que nos mains répandent la douceur
Que l’amour seul guide nos pensées
Dans le temps et dans l’espace
Plus rien ne nous épouvante
Ni la fureur des éléments
Ni celle des hommes, ni l’inconnu
Car l’amour nous anime, nous porte

Mes frères, réveillez-vous, luttez
Nous élargirons l’univers
Nous marcherons d’un pas alerte
Sur la chaussée grise et usée…
.
Albert Luthuli (1899-1967) – Extraits

La terre crie pitié
Les corps se voilent de peurs secrètes
Quand les ombres détruisent l’enfance
Et métamorphosent son monde d’innocence
En labyrinthes déformants
Quand les femmes lavent leur chair aigre de zombis
O le poids de leurs matrices rouge-mauve
Racines folles et frêles
Crénelées comme les berges du crépuscule


Ce siècle se régala de sang, de massacres et de morts
La roue de la technique écartela les corps
Et tout un peuple servit d’engrais à la terre
La brume envahissait les regards des enfants
La haine s’engouffrait dans les cœurs innocents
La détresse anesthésiait la révolte
Le poids du péril déposé sur les ailes de l’espérance
Menaçait l’homme noir
.
Armstrong (1900 – 1971) – Extraits

Recouds, reprise les saisons déchirées
Lacère la nuit et délie l’aurore
Caresse l’immensité de ta voix sans frontière

Le ciel s’est dévêtu
Le firmament est vierge
Le monde, désespérément noué
Attend un sanctificateur


Assiège l’écorce de l’amertume
Et apaise la démangeaison des jours


Je garde un amour coupable
Qui grandit dans mon cœur
Pour tous ces dieux ensevelis
Ils s’abritent dans mes cheveux
Avec pitié et gravité
Comme des passagers clandestins encore vivants


Nous avions ce jour-là écrit
Avec la trompette et les contes
Avec la vue et l’ouïe
Au cœur de la mémoire
L’histoire de tous les orphelins


Quand un homme exorcise un peuple cousu par la douleur
Il verse l’eau de son corps où grandit l’arbre fruitier
.
Steve Biko

Faisons notre examen de conscience
Et redécouvrons nous nous-mêmes
Révisons notre histoire
Sans céder à la tentation d’exalter et de célébrer

*

Bibliographie



- Voix nègres Voix rebelles, éditions Le Temps des cerises, 2000





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