Martin
Luther King (1929-1968) - Extraits
Dans le miroir, dès l’aube, au moment du
rasage
Il contemplait les joues pulpeuses de son
visage
Une moustache sans faute sur ses lèvres
éloquentes
Témoin des ruses déjouées, des mensonges
traqués
Illuminait son teint, son sourire et sa
bouche
Et avivait encore l’éclat de son regard
Il regardait le monde avec des yeux
d’enfant
S’ingéniant tous les jours à combattre la
colère
Sous la pression vibrante et fervente de
sa foi
Ses frères en prière furent conduits par
la grâce
Soulevés par l’enthousiasme aux portes de
l’espoir
Là où toujours s’allient amour et liberté
…
Sa voix coulait tel un long fleuve sans
âge
Déposant sur chaque plaie le baume de
l'espérance
Sur chaque foyer sans feu une chaleur
fraternelle
Et sur les soirs torrides une fraîcheur
musicale.
Clairière au fond des bois, oasis dans le
désert
Tel un immense feuillage, sa voix grave,
apaisait
Dénonçant les affronts qui égarent la
raison
Réduisant au silence
les exterminateurs
…
Que nos cœurs dispensent la rosée
Que nos mains répandent la douceur
Que l’amour seul guide nos pensées
Dans le temps et dans l’espace
Plus rien ne nous épouvante
Ni la fureur des éléments
Ni celle des hommes, ni l’inconnu
Car l’amour nous anime, nous porte
…
Mes frères, réveillez-vous, luttez
Nous élargirons l’univers
Nous marcherons d’un pas alerte
Sur la chaussée grise et usée…
.
Albert
Luthuli (1899-1967) – Extraits
La terre crie pitié
Les corps se voilent de peurs secrètes
Quand les ombres détruisent l’enfance
Et métamorphosent son monde d’innocence
En labyrinthes déformants
Quand les femmes lavent leur chair aigre
de zombis
O le poids de leurs matrices rouge-mauve
Racines folles et frêles
Crénelées comme les berges du crépuscule
…
Ce siècle se régala de sang, de massacres
et de morts
La roue de la technique écartela les
corps
Et tout un peuple servit d’engrais à la
terre
La brume envahissait les regards des
enfants
La haine s’engouffrait dans les cœurs
innocents
La détresse anesthésiait la révolte
Le poids du péril déposé sur les ailes de
l’espérance
Menaçait l’homme noir
.
Armstrong
(1900 – 1971) – Extraits
Recouds, reprise les saisons déchirées
Lacère la nuit et délie l’aurore
Caresse l’immensité de ta voix sans
frontière
Le ciel s’est dévêtu
Le firmament est vierge
Le monde, désespérément noué
Attend un sanctificateur
…
Assiège l’écorce de l’amertume
Et apaise la démangeaison des jours
…
Je garde un amour coupable
Qui grandit dans mon cœur
Pour tous ces dieux ensevelis
Ils s’abritent dans mes cheveux
Avec pitié et gravité
Comme des passagers clandestins encore
vivants
…
Nous avions ce jour-là écrit
Avec la trompette et les contes
Avec la vue et l’ouïe
Au cœur de la mémoire
L’histoire de tous les orphelins
…
Quand un homme exorcise un peuple cousu
par la douleur
Il verse l’eau de son corps où grandit
l’arbre fruitier
.
Steve
Biko
Faisons notre examen de conscience
Et redécouvrons nous nous-mêmes
Révisons notre histoire
Sans céder à la tentation d’exalter et de
célébrer
*
Bibliographie
- Voix nègres Voix rebelles, éditions Le
Temps des cerises, 2000
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qui que vous soyez, vous êtes le bienvenu, avec vos commentaires qui sont modérés. Il vous faudra attendre avec patience leur modération pour les voir apparaître au bas de chaque article. Merci de votre compréhension