dimanche 27 novembre 2011

Edgar Morin

Il est remarquable que l'éducation qui vise à communiquer les connaissances soit aveugle sur ce qu'est la connaissance humaine, ses dispositifs, ses infirmités, ses difficultés, ses propensions à l'erreur comme à l'illusion, et ne se préoccupe nullement de faire connaître ce qu'est connaître.

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[...]L'information devient notion maîtresse, maître-mot. Elle est maîtresse de l'énergie qu'elle manipule, enchaîne, déchaîne (mais qui manipule l'information?). Le programme qui régit la machine est roi (où sont l'homme et la société qui ont constitué le programme?). Le code génétique est le programme qui régit la cellule et par extension l'organisme, la vie (mais d'où vient ce programme? qui l'a formulé? pourquoi a-t-il besoin des produits qu'il fait exécuter pour exister?). L'information régit la société via normes, règles, interdits (à condition d'oublier les rapports de domination, exploitation, solidarité entre les groupes qui déterminent autant les règles, normes, interdits qu'ils sont déterminés par ceux-ci).

Ainsi l'information devient impériale précisément en occultant les caractères multidimensionnels, récursifs, rétro-actifs, concrets dans et par lesquels il faut comprendre la machine, la vie, la société. Elle revendique dès lors l'univers, dans la jonction des deux royaumes dont elle se dit l'héritière. Dans le premier régnait la Matière, dans le second règnait l'Esprit. L'information prétend au premier par son caractère physique, au second par son aptitude universelle au commandement. Sa vertu, son efficacités sont garanties, prouvées, par la machine et l'ordinateur. Du moment que le bit y fonctionne, c'est qu'il a valeur universelle. Tout ce qui est bon pour une machine (artificielle) est bon pour la nature. Tout ce qui est bon pour l'ordinateur est bon pour l'homme.

Une fois de plus, nous voyons comment une notion au départ élucidante devient abêtissante, dès qu'elle se trouve dans une écologie mentale et culturelle qui cesse de la nourrir en complexité. [...]

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Chacun des atomes de notre corps dépend d'un ordre gravitationnel, lequel dépend des interactions de chaque atome de notre corps avec son environnement.

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Au sein même des périodes noires, des graines d'espoir surgissent. Apprendre à penser cela, voilà l'esprit de la complexité.

*Bibliographie

- La méthode I, La nature de la nature, éditions du Seuil

- Introduction à la pensée complexe, éditions du Seuil, 2005

- Le paradigme perdu : la nature humaine, éditions du Seuil, 1973

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