mardi 13 mars 2012

Thierry Guichard

Pourrait-on vivre un moment historique sans le savoir ? Les manifestations madrilènes ou athéniennes qui donnent au mouvement d’une jeunesse européenne déprimée des airs de révolution arabe émargent à peine au déroulé des journaux télévisés, plus préoccupés de chercher des traces de sperme dans les chambres d’hôtel américain.

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Filmer sur ce qui pourrait éventuellement, peut-être et si pas de chance, arriver permet au moins de ne rien dire de ce qui arrive plus dramatiquement : l’irradiation nucléaire au Japon et ses conséquences terribles.

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La couverture du festival de Cannes aura donné le La de ce qu’il convient à la culture de faire si elle souhaite avoir encore une place, même minime, dans notre quotidien. Mettre des paillettes et du décolleté profond, parler pour ne rien dire, mais en souriant (l’absence de sourire sur le visage de Sean Penn suffit à faire le sujet d’un reportage…).

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A ce compte-là, la littérature n’est pas bonne fille. Les décolletés, ce n’est pas son truc. Les sourires dents blanches, pas dans ses compétences. D’où une quasi-absence médiatique, masquée (comme le nuage volcanique masque la catastrophe nucléaire) par la pantomime de quelques bonimenteurs dont les livres sont à la littérature ce que les propos de Jean-François Kahn sur le « troussage de domestique » sont à l’élégance. Reste que les jeunes en Espagne, en Grèce et en France manifestent. Reste que les livres s’écrivent qui disent bien plus que ce que les bruits médiatiques font entendre. A nous de les écouter, et d’être là pour ne pas échapper à l’Histoire qui vient.

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Bibliographie

- Le Matricule des Anges n°124, éditorial

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