samedi 11 mai 2013

Pascal Quignard



A l’instant où le chant des deux violes monte, ils se regardèrent. Ils pleuraient. La lumière qui pénétrait dans la cabane par la lucarne qui y était percée était devenue jaune. Tandis que leurs larmes lentement coulaient sur leur nez, sur leurs joues, sur leurs lèvres, ils s’adressèrent en même temps un sourire.

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La scène où toute scène prend origine dans l’invisible sans langage est une actualité sans cesse active.
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Qui n’aime ce qu’il a aimé ? Il faut aimer le perdu et aimer jusqu’au jadis dans le perdu.
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Il n’y a plus moyen de discerner entre guerre mondiale et guerre civile dès l’instant où il n’y a plus qu’un seul monde.

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Il est des bonheurs dont on se dit qu’il faut les préserver de l’oubli non pas parce qu’ils sont grands ou extraordinaires, mais parce qu’ils sont contagieux.
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Le passé est un nouvel organe qui résulte de la langue enseignée aux naissants.
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Le passé est un immense corps dont le présent est l’œil.
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La vie d’un homme peut toujours être autre, et meilleure, et plus intense, et pire, et plus brève.

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Bibliographie


- Tous les matins du monde, éditions Gallimard, Folio, 1991
- Les Ombres errantes, éditions Gallimard Folio, 2004
Sur le jadis, éditions Gallimard Folio, 2004

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