A
propos du « Manifeste d’économistes atterrés », publié aux
éditions Les liens qui libèrent, en novembre 2010, et de « Les vraies lois
de l’économie » de Jacques Généreux, aux éditions du Seuil/France culture,
en novembre 2001.
En novembre 2001,
l’économiste Jacques Généreux (ça ne s’invente pas), publiait un livre intitulé
« Les Vraies lois de l’économie ».
En onze lois, un
préambule et un épilogue, il démontait pièce par pièce les affabulations que
les économistes médiatiques bien vus à la cour assènent au bon peuple comme des
évidences, enfonçant le clou de la fatalité et de l’impuissance à agir contre
des phénomènes prétendument naturels, dont les règles s’imposeraient à des
humains voués à subir un statu quo social et économique.
Le livre n’eut sans
doute pas l’audience qu’il aurait dû avoir. Rien n’a changé sinon en pire au
bon royaume du conformisme politiquement correct.
Jacques Généreux a
quitté un Parti Socialiste désormais
converti aux règles intangibles du libéralisme dans un monde mondialisé,
c'est-à-dire livré à la jungle des marchés
De ces règles
immuables, on a vu le visage dans la crise qui a secoué le monde clôt des
banques internationales, en 2008. La conversion d’une partie de la gauche a placé
à l’Elysée l’avatar le plus pur de cette jungle défendue par l’OMC, l’OCDE, et
le FMI réunis.
Les médias n’ont eu de
cesse de nous expliquer qu’il n’y avait pas d’autre solution que de satisfaire
aux lois d’un marché sans état d’âme. Le discours politique s’est peu à peu
édulcoré pour ne jamais aborder les sujets qui fâchent : plus un mot de
l’avenir des chômeurs et autres exclus, rien qui puisse laisser entrevoir la
moindre largesse sur le pouvoir d’achat des ménages.
Pire, à grands discours
ronflants, on vient nous dire qu’il faut moraliser le capitalisme, le repeindre
en vert, tandis que, dans les faits, on subtilise des crédits publics au profit
des banques qui ont triché, et perdu. On vient infliger aux plus démunis et aux
catégories moyennes toujours plus de sacrifice pour préserver les dividendes et
boni d’une minorité de privilégiés du CAC 40.
C’est comme si le livre
de Jacques Généreux n’avait jamais existé. Sans doute était-il trop seul.
Or, voilà qu’il est
rejoint, en cette fin 2010, par 630 de ses confrères, atterrés de voir toujours
les mêmes mensonges affirmés à longueur d’antennes, dans un petit livre
judicieusement nommé « Manifeste d’économistes atterrés ».
En gros, ceux-là
reprennent les thèses proposées par Jacques Généreux en 2001 en les actualisant,
et en les ponctuant de mesures à livrer au débat.
De un à six cent
trente, voilà qui devrait faire réfléchir, s’ils en ont encore la capacité nos
médias aux ordres d’un pouvoir qui fait la démonstration quotidienne de son
cynisme.
Deux ouvrages qui
viennent éclairer le béotien nul en économie que je suis, et qui devraient
déciller le citoyen lambda, avant que les échéances électorales ne viennent
répandre encore leur lot de mensonges éculés et de fausses vérités.
Il est rare, sans
doute, qu’un poète prenne la plume pour défendre des ouvrages d’économie. Mais,
dès lors que des économistes réfléchissent en termes accessibles, placent
l’humain au centre de leurs réflexions et regardent l’économie non comme un
phénomène naturel, mais comme une émergence des sociétés humaines, voilà qui
nous donne quelques points communs favorables au débat.
Xavier
Lainé
Manosque,
23 décembre 2010
*
Article publié précédemment ici : http://www.divergences.net/spip/spip.php?article276
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