L’argent
a toujours eu une odeur. Il n’est jamais le simple instrument d’échange qu’il
prétend être. Car toutes les sociétés qui l’ont utilisé ont été des sociétés de
classe, donc des systèmes de domination des uns sur les autres. Il les a
durcis. Car la naissance de l’argent a permis que soit accumulée la richesse en
dehors de sa réalité matérielle immédiate. Il a permis de différer l’échange. L’argent
fait voyager dans le temps les envies et les objets qui les assouvissent. Je
mangerai demain les poissons que je peux m’acheter aujourd’hui car il y aura
toujours quelqu’un pour le pêcher à ma place si je le paie pour ça. L’argent
est un frigo. Il stocke en conservant intact le pouvoir de celui qui l’accumule.
Et justement parce qu’il a ce pouvoir, il permet d’oser ce qui aurait été
inenvisageable sans cela : prendre aux autres davantage que ce dont on a
besoin. Dans ces conditions, qu’on en ait beaucoup ou qu’on en manque, l’argent
est toujours la mesure de la prédation des uns sur les autres. De là je déduis
que de toutes les maladies humaines la cupidité est la plus antisociale.
Les
pouvoirs symboliques et culturels sont des denrées périssables dont il faut
sans cesse prouver de nouveau les raisons d’être pour reproduire du consentement
à son autorité. Le pouvoir de l’argent ne nécessité aucune preuve pour s’exercer.
Il vient, il se donne, il prend. Tout le monde consent. La dureté du pouvoir de
l’argent résulte de cette nature intime et du consentement universel qui la
protège. En ce sens, la richesse individuelle, c’est-à-dire l’accumulation
privée de beaucoup d’argent dont on n’a pas besoin, est en soi inhumaine, c’est-à-dire
au-delà d’une nécessité humaine. C’est donc un abus de pouvoir et une
incitation à tous les abus de pouvoir.
L’argent
se présente comme un équivalent entre les moyens de satisfaire nos besoins. En
cela il semble postuler notre commune humanité. Il semble même incarner la part
la plus humaine de nous, celle qui s’accomplit dans l’échange ! Trompe-l’œil !
Car qu’est-ce qui est fondamentalement humain ? je veux parler de ce qui
distingue un échange humain de tous les autres systèmes d’échanges et de
symbiose dans la nature ? Ce qui se donne sans contrepartie ; Donc ce
qui est gratuit dans l’échange. Sur ce seuil, l’argent est nu comme un ver sans
pouvoir. Le carrosse n’est même plus une citrouille ! Mais alors commence
le territoire de l’amour et de la fraternité.
*
Bibliographie
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L’argent,
cette imposture ! L’humanité, jeudi 10 mai 2012
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