De
l’ombre à la lumière
A
propos de « Les jours heureux », réédité aux éditions La Découverte,
par l’association des citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui.
Il est plus que jamais
essentiel de revenir aux fondamentaux, et qui de mieux, que ceux qui posèrent
les jalons de notre vie commune dans une République renouvelée, au péril de
leur vie, pour nous rafraîchir la mémoire ?
C’est une fière idée
que l’Association des résistants d’hier et d’aujourd’hui a eu que de rééditer
le programme du Conseil National de la Résistance, suivi de la démonstration de
la lutte implacable menée, plus ou moins en sous-main, par les revanchards,
ceux qui n’ont jamais admis les libertés chèrement conquise et qui, à leurs
yeux, menaçaient leurs profits.
Car c’est une lutte sans merci que menèrent
depuis soixante-dix ans, les collabos d’hier, et leurs dignes descendants. Ils
se sont parfois affublés des oripeaux d’une gauche qui n’avait de gauche que le
discours, quand dans les actes, elle sabordait ou contribuait à le faire, ce
socle écrit dans la clandestinité, par une poignée de visionnaires.
Visionnaires, ils
l’étaient, et les conditions de la libération ont permis que voit le jour une
partie de leur vision : sécurité sociale, retraite, nationalisation des grands
moyens de production, garanties d’une presse libre, dégagée des pouvoirs
financiers, la liste est longue de ces bases qui ont favorisé, alors que le
pays était exsangue, ce que certains depuis, dans les livres d’histoire, ont
appelé les trente glorieuses : trente années qui installèrent le peuple de
ce pays dans l’illusion d’un mieux vivre et d’un confort définitif.
Dans les souterrains du
pouvoir, pourtant, ils étaient nombreux à œuvrer à la sape. Et le peuple, qui
n’avait pas bien compris que sa juste place aurait dû être aux côtés de cette
résistance qui leur apportait un avenir plus serein que jamais, passé un peu
vite, dans sa majorité, d’un silence complice des collaborations, à la louange
des insoumis d’hier, n’a jamais vraiment pensé à défendre pied à pied ce qui
était les fondations de sa résurrection.
Bien sûr, il s’en est
trouvé pour protester, défendre les « acquis », mais si peu pour se
saisir du texte fondateur pour en exiger l’application pleine et entière, voire
même la mise à jour, pour tenir compte de l’évolution de l’histoire.
D’acquis perdu, en
sabordages programmés, peu à peu le bel édifice est devenu un château de sable,
que les vagues néolibérales, soutenues de droite comme de gauche, ne cessent
d’effriter.
Il est donc temps de
nous réapproprier l’essentiel, de revenir à la source et de boire l’eau fraîche
que nul ne pense à nous délivrer.
Il est temps de nous
saisir de ces textes fondamentaux et de réclamer notre dû que les
collaborateurs du XXème siècle finissant et de cette première décennie du
XXIème veulent jeter aux oubliettes de l’histoire. Car la fortune de 2010 est
nettement plus imposante que celle de 1945. Ce qui fut alors possible, rien
n’exclut de le réanimer. A la seule
différence près que ces idées généreuses, pour ne pas être à nouveau souillées,
se doivent de devenir le bien commun.
C’est au nom de ce
patrimoine commun qu’il deviendra possible de donner un nouveau souffle à la
dynamique des résistants d’hier. Il est l’heure de passer aux conquérants d’un
nouveau monde possible, à condition de ne plus nous laisser submerger par les
vagues médiatiques défaitistes et fatalistes. Le monde à venir, nourri des
rêves du passé, sera alors plus beau. Tout dépend de nous.
Xavier
Lainé
Manosque,
12 décembre 2010
*
Note publiée sur le site Littérature.net :
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