Le
désir peut être contagieux. De fait, c’est lui qui fait tourner les moulins du
capitalisme.
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Le fait de vivre uniquement sur un mode
réflexif crée toutefois un terrible mécanisme de désir insatiable, enclenche la
poursuite sans fin de l’objet qui comblera le vide et nourrira une image de soi
en manque d’aliment.
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Ce n’est pas un secret, une fois acquis, les
objets du désir perdent souvent leur attrait.
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Le révolutionnaire mange et dort la
révolution, ce temps glorieux d’un lessivage qui verra le triomphe d’un ordre
nouveau, pour, dès l’avènement de celui-ci, se découvrir en train d’errer parmi
des cadavres et des ruines. Seul l’être humain se laisse détruire par des
idées.
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Les circuits de nos cerveaux dont dépendent
la signification, la parole, la perception consciente et volontaire sont
infimes comparés aux vastes processus inconscients des tréfonds.
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Notre culture n’encourage personne à
accepter l’adversité.
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Tous les états humains, y compris la colère,
la peur, la tristesse et la joie, relèvent du corps.
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Nous ne pouvons trouver le dehors qu’à
travers le dedans.
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Nos esprits pensants et ressentants ne sont
pas seulement le produit de nos gènes mais aussi celui de notre langage et de
notre culture.
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Nous ne nous bornons pas à digérer le
monde ; nous le fabriquons.
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La création artistique est une forme de jeu.
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Faute de nous voir réellement nous-mêmes,
nous nous baladons avec une idée de ce que nous sommes. Nous avons une image
corporelle ou une identité corporelle. C’est la notion consciente de ce dont
nous avons l’air.
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Les mouvements de populations créent de
nouveaux mondes, de nouvelles idées et inspirent des arts nouveaux.
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Les grands livres sont ceux qui sont
nécessaires, qui changent la vie, ceux qui ouvrent le crâne et le cœur du
lecteur.
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Le nom du père est le cachet de la
généalogie, de la légitimité et de la cohérence.
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Il est normal que les enfants idéalisent
leur père. Il est normal aussi que les enfants grandissent et reconnaissent
l’humanité de ce même père, y compris ses faiblesses et ses aveuglements.
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La transition de l’idéal au réel n’est pas
toujours tellement aisée, ni pour les enfants, ni pour le père.
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Identités, identifications, désirs, ne se
peuvent démêler les uns des autres. C’est grâce à autrui que nous devenons
nous-mêmes, et le moi est chose poreuse, pas un contenant scellé. S’il commence
sous forme de carte génétique, c’en est une qui s’exprime au fil du temps et
seulement en relation avec le monde.
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Nous ne sommes pas les auteurs de
nous-mêmes, ce qui ne veut pas dire que nous n’avons ni capacité d’action
possible ni responsabilité, mais plutôt que le devenir ne peut s’émanciper du
lien.
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L’amour maternel est le commencement de tout
le monde et sa puissance est irrésistible.
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La mère suffisamment bonne n’est pas la mère
parfaite. La mère suffisamment bonne est un sujet dont les intérêts, pensées,
besoins et désirs existent au-delà de son enfant.
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L’inégalité engendre des silences
nécessaires. Ce n’est pas vraiment de l’amitié que les jeunes enfants attendent
de leur père, mais une figure héroïque à laquelle se référer.
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La lecture est une activité intérieure.
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La lecture a tellement diminué dans notre
culture que toute lecture est aujourd’hui considérée comme « bonne ».
On encourage les enfants à la lecture en général, comme si tous les livres
étaient égaux, mais un cerveau gorgé de truismes et de clichés, d’histoires
formatées et de réponses simplistes à des questions mal posées n’est pas
vraiment ce qui devrait faire l’objet de nos aspirations.
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Le langage n’appartient à personne. Il est
dedans et dehors ; il appartient aux hommes et aux femmes.
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Nous ne sommes pas des créatures statiques.
Nous prenons de l’âge et nous changeons.
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Il s’avère que le cerveau est très actif
lorsque nous ne faisons rien que flâner en nous-mêmes.
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Notre monde est un monde de fragmentation
intellectuelle, au sein duquel les échanges entre domaines et même à
l’intérieur de ceux-ci sont devenus de plus en plus difficiles.
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La vision optimiste des choses consiste à penser
que du chaos surgissent, à défaut de réponses, des questions intéressantes.
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Ni anges ni cerveaux en bocaux, nous sommes
les habitants actifs et incarnés d’un monde que nous intériorisons de façons
que nous ne comprenons pas tout à fait.
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Nul ne prétendrait qu’un individu est le
diagnostic le concernant, et pourtant nul ne prétendrait que les
caractéristiques définissant une maladie ne font pas partie de l’individu.
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Personne ne peut tout savoir. Même dans le
monde disparu où les penseurs partageaient une même conception de l’homme
instruit (c’était un homme, j’ai le regret de le dire), on ne savait pas tout.
Même alors, il y avait trop de livres, trop de domaines, trop d’idées pour
qu’il fût possible de se tenir au courant.
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Renoncer à la vision d’ensemble est une
vertu intellectuelle, avec ce que cela suppose de regrets, de confusion, de
réorientation et de réflexions nouvelles.
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Le doute est le moteur de la pensée.
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Tout discours qui diabolise autrui, proche
ou lointain, est une trahison de l’idée de liberté. Dans une société libre, les
libertés politiques appartiennent à tout le monde et, si on les restreint, sont
perdues pour tout le monde. Dans une société libre, nul ne détient la vérité.
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Le moi narratif est le moi dans le temps.
Nous sommes immergés dans le temps, pas nécessairement le temps des horloges,
même si nous nous y référons, nous autres adultes, et certainement pas le temps
de la physique. Nous vivons dans un temps subjectif, le temps séquentiel de
notre conscience, et ce qui arrive d’abord devient le gabarit de ce que nous
nous attendons à voir arriver plus tard. Du fait de la répétition, les
perceptions passées en créent de futures.
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Nous sommes sans cesse en train de retenir
comme de projeter, et le présent comporte toujours en soi l’épaisseur de
l’avant et de l’après.
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Nous sommes les créatures d’un temps
subjectif, fondé dans les dialogues non verbaux du premier âge, lesquels
continuent à se développer dans le langage et sa conséquence naturelle, le
récit.
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Nous ne sommes ni des machines ni des
ordinateurs mais des créatures incarnées guidées par un vaste inconscient et un
ressenti émotionnel.
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Les forces affectives muettes trouvent dans
les ornements de la culture une réalisation symbolique.
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La prise de conscience de l’autre par le
tout-petit se fait sans conscience de soi réflexive ; c’est une relation
subliminale, incarnée.
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La recherche en génétique, en particulier le
décodage du génome dont certains scientifiques ont espéré qu’il ferait office
de cartographie définitive de tous les caractères humains, s’est révélée
décevante et s’est effacée face à l’épigenèse. Il n’y a guère d’indices
d’effets simples et conséquents de mutations dans des gènes spécifiques.
L’histoire humaine est bien plus complexe. Ce qui paraît évident, c’est que des
styles d’émotion ou des schémas de réaction, les formes répétitives de nos
relations à autrui et leurs significations primales, sont créés avec nous et
commencent probablement avant même la naissance. La plasticité du cerveau
suppose le dynamisme, mais aussi les répétitions neurales.
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Nous pouvons percevoir intuitivement les
actions des autres grâce à des mécanismes biologiques, mais ces perceptions
sont déterminées aussi par des expériences passées. Et c’est ainsi qu’illusions
et fantasmes accèdent à l’aire de jeu.
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Les mots sont les émissaires suprêmes, parce
qu’ils vont de l’intérieur du corps vers l’extérieur, et qu’ils sont partagés
et non point possédés à titre privé.
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Fondamentalement, nous sommes plus libres
dans l’espace onirique que nous le sommes lorsque nous naviguons dans le monde
en tant qu’êtres humains pleinement conscients. Les restrictions de la logique
« éveillée » ne s’appliquent pas lorsque nous dormons.
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L’émotion joue un rôle essentiel dans la
mémoire. L’indifférence est le chemin le plus court vers l’amnésie et, en
définitive, les seules œuvres d’art qui comptent sont celles dont nous nous
souvenons et celles dont nous nous souvenons ce sont, semble-t-il, celles qui
nous ont émus.
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Il existe un sous-sol à la pensée, un lieu
d’incubation auquel nous n’avons guère accès.
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Nous naissons au sein de significations et
d’idées qui façonnent la manière dont nos esprits incarnés affrontent le monde.
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Nous ne sommes pas des ordinateurs, et nous
ne sommes pas que des cerveaux. Nous avons des corps qui se déplacent dans
l’espace, nous avons des émotions et un vaste inconscient, et nos perceptions
des gens et des choses sont actives et créatives. Il est devenu de plus en plus
manifeste qu’une grande partie des schémas dynamiques de connectivité neurale
dans notre cerveau n’est pas génétiquement prédéterminée. Ils ne sont pas
statiques mais sont influencés par notre comportement et nos expériences
sensitivomotrices et cognitives. Apprendre modifie le cerveau, et la plasticité
de celui-ci dure toute notre vie.
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Bibliographie
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