Quelque
chose arrive dans l’analyse, mais pour théoriser cet évènement, il faut bien le
rattacher, même en tant que rupture révélatrice, aux structures.
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Sachant
que l’impossible, c’est le réel, le but est de sortir d’un état d’impasse (je
suis écarté de mon désir, pris dans la dureté et la répétition de l’existence),
de trouver une bifurcation qui transforme l’impuissance en puissance. Or ce
processus individuel est susceptible d’acquérir une dimension collective. Selon
moi, le champ de la politique correspond à la libération de nouvelles
possibilités de vie, stérilisées voire barrées par un régime d’oppression.
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Il
faut réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le confort.
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Avec
comme point de départ une chose qui, réduite à elle-même, n’est qu’une
rencontre, presque rien, on apprend qu’on peut expérimenter le monde à partir
de la différence et non pas seulement de l’identité. Et on peut même accepter
des épreuves, on peut accepter d’en souffrir pour cela.
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Le
sexuel ne conjoint pas, il sépare. Que vous soyez nu(e), collé(e) à l’autre,
est une image, une représentation imaginaire. Le réel, c’est que la jouissance
vous emporte loin, très loin de l’autre. Le réel est narcissique, le lien est
imaginaire.
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C’est
dans l’amour que le sujet va au-delà de lui-même, au-delà du narcissisme. Dans
le sexe, vous êtes au bout du compte en rapport avec vous-mêmes dans la
médiation de l’autre. L’autre vous sert pour découvrir le réel de la
jouissance. Dans l’amour, en revanche, la médiation de l’autre vaut pour
elle-même. C’est cela, la rencontre amoureuse : vous partez à l’assaut de
l’autre, afin de le faire exister avec vous, tel qu’il est.
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L’amour
est toujours la possibilité d’assister à la naissance du monde.
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L’amour,
ça n’est pas simplement la rencontre et les relations fermées entre deux
individus, c’est une construction, c’est une vie qui se fait, non plus du point
de vue de l’Un, mais du point de vue du Deux.
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Un
amour véritable est celui qui triomphe durablement, parfois durement, des
obstacles que l’espace, le monde et le temps lui proposent.
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Il
y a un travail de l’amour, et non pas seulement un miracle. Il faut être sur la
brèche, il faut prendre garde, il faut se réunir, avec soi-même et avec
l’autre. Il faut penser, agir, transformer. Et alors, oui, comme la récompense
immanente du labeur, il y a le bonheur.
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Bibliographie
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Choisis
ton Lacan, entretien avec Elizabeth Roudinesco,
Philosophie magazine n°52 – septembre 2011
-
Eloge
de l’amour, avec Nicolas Truong, éditions Flammarion,
café Voltaire, 2009
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