Ceux qui vivent sont ceux qui luttent
*
Nous, pasteurs
des esprits, qui, du bord du chemin,
Regardons tous
les pas que fait le genre humain,
Poètes, par nos
chants, penseurs, par nos idées,
Hâtons vers la
raison les âmes attardées!
*
Que peut-il ? Tout.
Qu’a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance,
en huit mois un homme de génie
eût changé la face de la France,
de l’Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la
France
et n’en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président
se démène :
Il fait rage, il touche à tout, il
court après les projets ;
ne pouvant créer, il décrète ;
il cherche à donner le change sur
sa nullité ;
c’est le mouvement perpétuel ;
mais, hélas !
Cette roue tourne à vide.
.
L’homme qui, après sa prise du
pouvoir
a épousé une princesse étrangère
est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les
paillettes, les grands mots,
ce qui sonne, ce qui brille,
toutes les verroteries du pouvoir.
Il a pour lui l’argent, l’agio, la
banque, la Bourse, le coffre-fort.
Il a des caprices, il faut qu’il
les satisfasse.
Quand on mesure l’homme et qu’on
le trouve si petit
et qu’ensuite on mesure le succès
et qu’on le trouve énorme,
il est impossible que l’esprit
n’éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car, la
France, il la foule aux pieds,
Lui rit au nez, la brave, la nie,
l’insulte et la bafoue !
.
Triste spectacle que celui du
galop, à travers l’absurde,
D’un homme médiocre échappé.
*
Parfois, je me sens pris d'horreur
pour cette terre;
Mon vers semble la bouche ouverte
d'un cratère;
J'ai le farouche émoi
Que donne l'ouragan monstrueux au
grand arbre;
Mon cœur prend feu; je sens tout
ce que j'ai de marbre
Devenir lave en moi;
.
Quoi! rien de vrai! le scribe a
pour appui le reître;
Toutes les robes, juge et vierge,
femme et prêtre,
Mentent ou mentiront;
Le dogme boit du sang, l'autel
bénit le crime;
Toutes les vérités, groupe triste
et sublime,
Ont la rougeur au front;
.
La sinistre lueur des rois est sur
nos têtes;
Le temple est plein d'enfer; la
clarté de nos fêtes
Obscurcit le ciel bleu;
L'âme a le penchement d'un navire
qui sombre;
Et les religions, à tâtons, ont
dans l'ombre
Pris le démon pour Dieu!
.
Oh! qui me donnera des paroles
terribles?
Oh! je déchirerai ces chartes et
ces bibles,
Ces codes, ces korans!
Je pousserai le cri profond des
catastrophes;
Et je vous saisirai, sophistes,
dans mes strophes,
Dans mes ongles, tyrans.
.
Ainsi, frémissant, pâle, indigné,
je bouillonne;
On ne sait quel essaim d'aigles
noirs tourbillonne
Dans mon ciel embrasé;
Deuil! Guerre! Une euménide en mon
âme éclose!
Quoi! le mal est partout! Je
regarde une rose
Et je suis apaisé.
*
Bibliographie
-
Quatre
vingt-treize, éditions Jules Rouf et Cie
-
L’homme
qui rit, éditions Jules Rouf et Cie
-
Les
misérables Volume I, II, III, éditions Garnier Flammarion, 1967
-
Les
travailleurs de la mer, éditions France Loisirs, 1997
-
Notre
Dame de Paris, éditions Ernest Flammarion
-
Souvenirs
politiques (1825 – 1847), éditions Georges Crès & Cie
-
Les
voix intérieures et Les rayons et les ombres, éditions Nelson
-
Les
voix intérieures, éditions J. Hetzel
-
Œuvre
poétique, éditions Librairie Albin Michel
-
L’Art
d’être grand-père, édition NRF Poésie/Gallimard, 2002
*
Sur internet
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