A propos de Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau, « L’intraitable beauté du monde, adresse à Barak Obama », éditions Galaade
Nous entrouvrons à peine la porte.
Un homme monte les marches du palais.
Son ombre au-dehors grandit.
Ce cri qui se propage n’a pas fini de retentir.
Il vient, en la contradiction d’un monde, d’exploser au visage des puissants.
L’impossible monte les marches.
Le temps ralentit sa course un instant.
Celui qui se présente ainsi, n’a rien à dire.
Sa seule présence est le signal d’une indicible espérance…
***
Il n’est plus de mot politique pour dire la beauté de l’instant.
Il n’est plus de cloison pour encore rejeter les Hommes, les uns contre les autres.
Celui qui monte les marches n’a rien d’autre à dire que son pas.
Il porte déjà sur ses épaules l’ouverture des frontières du rêve.
Il ouvre les portes à d’incroyables rencontres.
Ce qui vient, comme une première vague que d’autres suivront peut-être, c’est la fin d’un monde d’ennemis potentiels, sous la férule de potentats guerriers.
Ce qui vient prend la forme d’une langue si diverse qu’elle permet à chacun de voguer en son propre territoire poétique.
Le Tout-Monde d'Édouard Glissant et de Patrick Chamoiseau se frotte les mains à l’ombre de ce qui relie…
L’autre monte toujours.
La trace qu’il laisse sur le parvis glacé, prend vite une allure solaire.
Nos sourires ont toutes les couleurs du monde.
Les poignées de main peuvent se multiplier à l’infini.
***
Nous n’avons plus qu’à livrer nos utopies aux grands vents créoles de la diversité.
De nos doigts nous pouvons construire des archipels d’espoir dans le plaisir des langues déliées.
Une poétique du monde semble désormais possible où, hier encore, nous ne trouvions que pure désespérance.
Les frileux et leurs matraques ne trouveront jamais assez d’espace pour encore séparer la marche chaotique des rêves.
Il est un peu partout quelques parcelles déjà libérées de ce joug d’atrocité séculaire.
Nos bateaux appareillent, les cales chargées d’une humanité libre.
C’est un voyage à rebours pour effacer la trace des atroces esclavages.
Nous pourrons fêter la noce de l’humanité avec elle-même.
Que Barak Obama entende ou non, peu importe.
Lorsqu’il s’agit de construire une nouvelle espérance, sauver les îles de la souffrance, il ne sert à rien d’attendre l’action d’un président : il faut agir…
« L’intraitable beauté du monde » peut alors s’épanouir, germer, proliférer, simplement par la grâce de nos capacités à la rencontre et au dialogue…
Manosque, 21 février 2009
Xavier Lainé
Cette note de lecture a déjà fait l'objet d'une publication sur le site Littérature.net en 2009 :
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