N’en déplaise aux antisémites, les adeptes de la foi juive n’ont
jamais fait partie d’une « ethnie » étrangère envahissante venue d’un
ailleurs lointain ; ils trouvent au contraire leur origine au sein des
populations autochtones dont les ancêtres ont été convertis, sur place, au
judaïsme avant la venue du christianisme et de l’islam.
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Une pulsion naturelle inscrite chez l’homme le pousse à se
constituer un territoire qu’il protégera coûte que coûte. Cette pulsion est un
instinct héréditaire qui dicte à toutes les créatures vivantes comment agir
dans des circonstances données.
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Ce n’est que lorsque la nature a pu remédier à ses carences de
base que l’homme s’est fixé dans une région précise pour en faire sa résidence.
Cependant, si, beaucoup plus tard, l’homme s’est attaché de
façon pérenne à un sol, cela provenait non pas de son attirance biologique pour
un territoire fixe, mais des débuts du développement de l’agriculture.
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Le sol a presque toujours été considéré comme un patrimoine divin,
et non comme le bien des humains.
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Il faut être conscient que ce n’est pas la patrie qui a engendré
la nation, mais bien plutôt la nation qui a créé la patrie ; et il s’agira
là d’une des créations les plus stupéfiantes (et peut-être, aussi, dévastatrice)
de l’ère moderne.
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La carte et l’enseignement sont devenus des outils naturels qui
ont modelé un espace défini et connu.
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L’Etat moderne, par son système judiciaire civil et son code
pénal, a constitué une des conditions premières du fondement de la propriété
bourgeoise.
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Le territoire est la propriété commune de tous les
« actionnaires » de la nation ; il est même la propriété de ceux
qui n’ont rien, tandis que ceux qui disposent de modestes biens privés se
sentent également propriétaires des vastes biens nationaux. Ce sentiment de
propriété procure une satisfaction émotionnelle et une impression de sécurité
qu’aucune utopie politique ou promesse d’avenir n’a pu concurrencer.
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Le processus par lequel la terre se transforme en propriété nationale
est généralement engagé d’en haut par le pouvoir central, mais il devient au
fur et à mesure un élément de la conscience sociale élargie, qui, par en bas,
le pousse et le complète.
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L’histoire des communautés rurales est toujours plus méconnue
que celle des centres de pouvoir, des temples de la finance et des cités
marchandes.
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Toute mémoire collective est toujours, dans une certaine mesure,
le produit d’une construction culturelle porteuse, dans la plupart des cas, des
préoccupations et des courants d’opinion du présent.
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S’agissant de l’histoire des nations, le présent découle certes
du passé, mais il façonne aussi assez librement ce dernier ; et ce passé
recréé comporte toujours d’immenses zones d’oubli.
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Comme toujours s’agissant des histoires nationales, la part
d’ombre est refoulée, en attendant, dans le meilleur des cas, d’être exhumée
par les générations futures. Les barons de la mémoire sont supposés faire
preuve d’esprit scientifique, il ne leur est pas demandé d’avoir également une
approche éthique.
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La dissimulation de l’existence de l’autre conditionne la
justesse de la voie historique.
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Le souvenir et la connaissance des victimes que nous avons
causées permettent davantage la réconciliation entre les humains et une vie
guidée par des valeurs que le fait de ressasser en permanence que nous sommes
les descendants d'autres victimes du passé. la mémoire généreuse et courageuse,
même empreinte d'une pincée d'hypocrisie, constitue une condition décisive de
toute civilisation éclairée.
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Bibliographie
- Comment le peuple juif fut inventé, éditions Fayard, 2008
- Comment la terre d’Israël
fut inventée,
éditions Flammarion, 2012
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