Qui va là, sinon le meilleur de
nous-mêmes ? Le soir s’allonge, les cloches bourdonnent au ralenti, les
crotales ont des reflets cuivrés. Qui s’avance ainsi, sinon celui qui veut
prendre feu ? Prendre feu sans un seul cri, sans même un murmure.
.
Nous
avançons inlassablement, loin des réflexes moutonniers, loin des rêveries
douillettes, loin des catéchismes de tous bords. Nous avançons sous la paupière
du cyclone et saluons tous ceux qui ont mis leur destinée en jeu, ceux qui ont
brûlé pour nous, afin que nous puissions y voir un peu plus clair, en tout cas
plus intensément, dans le grand puzzle de l’existence. Ceux dont la danse à la
fois sereine et consumante nous a révélé l’intensité explosive de la création.
.
Une
autre lucidité vient nous iriser, à la fois stellaire et terrestre.
Accordons-nous le temps d’une immense respiration. Nous n’avons rien épuisé,
nous avons toujours faim. Nous sommes enfin sortis des no man’s langues.
Quelques grands morts continuent de nous accompagner, irréductibles,
ascendants, mille fois plus vivants que tous les morts-vivants de la galerie
médiatique planétaire.
.
Mortels,
encore un chant avant de lever le camp !
.
La
basse-cour planétaire regorge de petits coqs génétiquement modifiés, volatiles
si bien conçus qu’ils n’auront pas une fois à se servir de leurs ailes.
.
Passons
de l’autre côté. A toujours. Là où l’on se reconnaît entre frères du vivant –
dans une intensité persévérante.
.
Il
est des hommes qui chantent
La
bouche pleine de silex
Et
des hommes qui meurent
Sans
baisser les yeux.
Ce
sont danseurs d’alarme vive
Qui
préfèrent courir que tenir,
Loups
somnambules
Qui
se frottent à la voie lactée.
*
Bibliographie
- Prendre
feu, éditions NRF Gallimard, 2013
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