La décision est sans doute la propriété fondamentale du système nerveux.
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Au
début n’était pas la raison, au début n’était pas l’émotion, au début n’était
pas le corps, au début était l’acte. L’acte n’est pas le mouvement, l’acte est
intention d’interagir avec le monde ou avec soi-même comme partie du monde.
L’acte est toujours poursuite d’un but, il est toujours soutenu par une
intention. Il se fait donc organisateur de la perception, organisateur du monde
perçu.
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La
surprise, qui est ouverture sur le monde, est toujours accompagnée d’une
ouverture de la bouche. Fermer la bouche, c’est arrêter de laisser le monde
entrer en nous. La fermer c’est interrompre le dialogue. La prise de décision
est enfermement, concentration.
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La
décision n’est pas seulement calcul d’une utilité, pari sur une probabilité.
Elle est prédiction vécue par un esprit incarné dans un corps sensible.
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La
décision est présente dans le geste qui s’ébauche et tout à coup change de but
ou de direction, dans le regard qui change sa visée selon l’intérêt du sujet,
dans la colère maîtrisée et le désir retenu.
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C’est
dans les mécanismes de la décision d’agir qu’il faut chercher les bases des
mécanismes de la pensée qui décide, la décision est un acte, sa source est dans
l’action.
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La
vision du double dans le miroir devient possible lorsque s’est construit le
schéma corporel.
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Le
pouvoir projectif de notre cerveau fait qu’il n’assemble pas seulement les
données du monde mais qu’il construit le monde sensible en fonction de ses
projets, clé de ses hallucinations.
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Nous
n’avons pas seulement un homonculus dans le cerveau, nous avons un autre
nous-mêmes.
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Percevoir,
c’est lever des ambiguïtés, c’est choisir une interprétation plutôt qu’une
autre, c’est donc décider.
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Percevoir,
c’est décider ce que l’on veut voir.
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Nous
savons que la vision joue un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre et
que des perturbations visuelles peuvent déséquilibrer une personne et la faire
chuter. Cette perturbation de l’équilibre par la vision vient d’une difficulté
que rencontre le cerveau à intégrer les informations contradictoires des sens
lorsqu’un conflit surgit. Dans certains cas, les réactions posturales qui
normalement empêchent la chute peuvent être complètement bloquées. Par exemple
si, au cours d’une chute, le monde visuel se déplace en même temps que la tête
et donne au cerveau l’illusion que la tête ne bouge pas, l’activité réflexe des
muscles des jambes qui stabilise la posture ne se produit pas. Tout se passe
comme si le cerveau « croyait » plutôt la vision au détriment du
maintien de l’équilibre.
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Le
cerveau élabore avec une rapidité remarquable des stratégies pour résoudre des
conflits en utilisant sa capacité de prédiction.
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Prendre
une décision, c’est souvent être capable d’échapper à toutes les habitudes
acquises, à tous les schémas de pensée ou d’action habituels pour créer une
nouvelle solution.
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L’émotion
est préparation de l’action, elle établit le contexte dans lequel est vécue
l’action. Elle est créatrice d’un monde qui résout les conflits, un monde
possible, acceptable pour notre cerveau, ses désirs, ses contraintes, ses
espoirs. Au fond, les émotions sont comme des couleurs : elles
catégorisent le monde et simplifient la neurocomputation. Dans l’infinie complexité
du monde physique, elles aident le cerveau à catégoriser.
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La
perception est décision. La perception est décision et l’émotion en est le juge
suprême.
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Devant
un ensemble de choix possibles, la préférence prépare nos actes comme la
posture prépare nos mouvements.
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La
préférence est imagination du futur, projection vers les conséquences de
l’action, mémoire du passé utilisée pour prédire l’avenir, c’est un subtil
mélange de réaction archaïque et d’imagination féconde et vivante.
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La
tyrannie de la pensée formaliste désincarnée et insensible qui domina le XXe
siècle, est particulièrement représentée par l’abandon du toit sur les maisons
et les bâtiments publics. Seul le quartier de la Défense, illuminé par le dôme
du palais des Expositions, version moderne du dôme de Florence, échappe à cette
crise du goût. La pauvreté de la pensée soi-disant rationnelle est symbolisée,
à l’autre bout de Paris, par le quartier de Bercy, de la grande bibliothèque et
de Tolbiac dont le toit a disparu, où la froide logique du rangement a remplacé
la finesse d’une pensée souple.
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Délibérer,
c’est parcourir un chemin mentalement sans la lumière du monde des faits. C’est
dans le dédale sombre de la nuit du cerveau qui pense parcourir des arguments
en gardant clairement « à l’esprit » le point de départ et d’arrivée.
Cette capacité de cheminer (le mot est emprunté à la navigation), en étudiant
les objets mentaux de divers points de vue, est fondamentale.
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Le
cerveau est un détecteur de différence entre ses espérances, ses estimations et
ce qu’il obtient ; ce principe est général et provient sans doute du fait
que le cerveau est une machine biologique « intentionnelle »,
c’est-à-dire qui fonctionne en se donnant des buts.
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Bibliographie
- La décision, éditions Odile Jacob, 2003
- - Le sens du mouvement, éditions Odile Jacob, 1997
- L’empathie, avec Gérard Jorland, éditions Odile Jacob, 2004
- L’empathie, avec Gérard Jorland, éditions Odile Jacob, 2004
- Phénoménologie et physiologie de l’action, avec Jean-Luc Petit, éditions Odile
Jacob, 2006
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