L’homéostasie
désigne les réactions physiologiques coordonnées, et en grande partie
automatisées, qui sont indispensables au maintien des états internes stables
dans un organisme vivant.
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Les
émotions font partie intégrante de la régulation que nous appelons homéostasie.
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Lorsque
nous sentons qu’une personne est « tendue » ou « à cran »,
« découragée » ou « enthousiaste »,
« démoralisée » ou « enjouée », sans qu’on ait invoqué un
seul mot pour traduire le moindre de ces états possibles, nous détectons des
émotions d’arrière-plan. Nous détectons des émotions d’arrière-plan par de
subtils détails dans la posture corporelle, la vitesse et le contour des
mouvements, des changements minimes dans la quantité et la vitesse des
mouvements oculaires, comme dans le degré de contraction des muscles faciaux.
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Les
émotions font partie des dispositifs biorégulateurs dont nous sommes équipés
pour survivre.
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La
conscience permet aux sentiments d’être connus et promeut ainsi l’impact de
l’émotion de façon interne ; elle permet à l’émotion d’imprégner le
processus de pensée par l’entremise du sentiment.
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Pour
qu’un organisme sache qu’il a un sentiment, il faut ajouter le processus de
conscience aux processus d’émotion et de sentiment.
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Le
premier usage qu’on peut faire du compte rendu en images de la relation
organisme-objet est d’informer l’organisme sur ce qu’il est, en fait, en train
de faire ou, pour le formuler différemment, de répondre à une question qui n’a
jamais été posée par l’organisme : qu’est-ce qu’il se passe ? Quelle
est la relation entre les images des choses et ce corps ? A qui ces choses
arrivent-elles ? Le sentiment de connaître est le commencement de la
réponse.
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C’est
le commencement de la liberté de comprendre une situation.
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La
conscience a pour conséquence une vigilance accrue et une attention concentrée,
qui, toutes deux, améliorent le traitement de l’image pour certains contenus et
peuvent ainsi contribuer à optimiser des réponses immédiates et planifiées.
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C’est
peut-être bien parce que l’on s’est mis un jour à raconter une histoire où les
mots n’étaient pas encore là que l’on a fini par créer des pièces de théâtre et
finalement des livres.
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Le
monde de l’inconscient psychanalytique s’enracine au sein des systèmes
neuronaux qui forment le support de la mémoire autobiographique ; on
considère d’ailleurs généralement que la psychanalyse est une manière de
retrouver un réseau de connexions psychologiques entrelacées au sein de la
mémoire autobiographique.
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la
mémoire autobiographique se développe et mûrit à l’ombre d’une biologie
héritée. Mais à l’inverse du Soi-central, de nombreuses facettes du
développement et de la maturation de la mémoire autobiographique dépendent de
l’environnement et sont même régulés par ce dernier.
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La
conscience va au-delà du simple état de veille et de l’attention : elle
suppose que l’on ait un sens intérieur de soi dans l’acte même de connaissance.
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Le
cortex cingulaire est une structure essentiellement somato-sensorielle chargée
de recevoir des informations issues de toutes les parties du système
somato-sensoriel. En plus de nombreuses informations sur le milieu interne et
les viscères, il reçoit aussi des signaux importants de la partie
musculo-squelettique du corps. Mais le cortex cingulaire est aussi une
structure motrice impliquée, directement ou indirectement, dans l’exécution
d’une grande variété de mouvements complexes (comme les mouvements associés à
la vocalisation, les mouvements simples ou coordonnés des membres, les
contractions des viscères). Ce n’est pas tout. Il est également clair que le
cingulaire joue un rôle dans les processus qui sous-tendent l’attention,
l’émotion et la conscience. Cette juxtaposition inusitée de fonctions n’est pas
sans rappeler un autre secteur du système nerveux central, soit la partie
supérieure du tronc cérébral.
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Des
situations de suspension ou de diminution de la conscience, par exemple lors
des phases de sommeil à ondes lentes, ou bien d’hypnose, ou encore dans
certains cas d’anesthésie, vont de pair avec une réduction de l’activité du
cortex cingulaire. En revanche, lors de la phase de sommeil paradoxal et de
multiples situations engageant l’attention, l’activité du cortex cingulaire
s’intensifie.
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Le
fait d’être doté d’émotions et d’attention est intrinsèquement lié au maintien
et à la gestion de la vie de l’organisme. Or ce dernier ne peut garantir sa
survie et maintenir son équilibre homéostatique sans avoir accès à des
informations sur l’état actuel de son corps propre.
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Nous
savons que nous éprouvons une émotion quand nous avons à l’esprit le sentiment
de soi sentant.
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Le
fait de donner une explication scientifique du processus qui nous amène à
penser ou faire l’expérience de quelque chose n’a rien à voir avec le fait de
penser ou d’éprouver directement cette chose.
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L’idée
que la conscience serait un sentiment de connaissance s’accorde avec les
résultats que nous avons pu obtenir sur les structures cérébrales qui lui sont
les plus étroitement liées. Les structures en question (depuis celles qui
sous-tendent le proto-Soi jusqu’à celles qui fondent les cartographies du
second ordre) sont toutes chargées de traiter diverses informations en
provenance du corps, du milieu interne comme de l’appareil
musculo-squelettique. Or ces structures fonctionnent toutes avec le vocabulaire
non verbal du sentir.
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De
ses humbles débuts à sa grandeur actuelle, la conscience consiste en une
révélation, toujours partielle, de l’existence. Elle devient aussi, à un
certain stade de son développement et avec l’aide de la mémoire, du
raisonnement et du langage, un moyen de modifier l’existence.
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Nous
ne pouvons concevoir la différence entre le bien et le mal, et inventer des
règles normatives de comportement qu’à partir du moment où nous disposons d’une
certaine connaissance de notre propre nature et de celle d’autrui.
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Mieux
savoir permet de mieux vivre.
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Les
émotions se manifestent sur le théâtre du corps ; les sentiments sur celui
de l’esprit.
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L’expérience
de la douleur ou du plaisir n’est pas la cause des comportements de douleur ou
de plaisir ; elle n’est en aucun cas nécessaire à l’apparition de ces
comportements.
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Le
but de l’homéostasie est plutôt de créer un état vital qui ne soit pas que
neutre, ce que nous autres créatures pensantes privilégiées appelons bien-être.
L’ensemble
des processus homéostatiques gouverne à tout instant chaque cellule de notre
corps. Ce pouvoir s’exerce selon un dispositif simple : premièrement,
quelque chose change dans l’environnement d’un organisme individuel, de façon
interne ou externe. Deuxièmement, ce changement a le potentiel d’altérer le
cours de la vie de l’organisme. (Il peut constituer une menace pour son
intégrité ou bien une occasion de mieux-être). Troisièmement, l’organisme
détecte le changement et agit en fonction de lui d’une façon conçue pour créer
la situation la plus bénéfique à sa préservation et à son fonctionnement
efficient.
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Les
organismes peuvent produire des réactions avantageuses donnant de bons
résultats sans décider de les produire, et même sans avoir le sentiment du
déroulement de ces réactions. Compte tenu de ce qu’est la formation de ces
réactions, il est évident que, lorsqu’elles apparaissent, l’organisme connaît
pendant une certaine période des états de plus ou moins grand équilibre
psychologique.
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Les
émotions constituent le moyen naturel pour le cerveau et l’esprit d’évaluer
l’environnement à l’intérieur et hors de l’organisme, et de répondre de façon
adéquate et adaptée.
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Nous
pouvons même moduler notre réponse émotionnelle. En effet, l’un des buts clés de
notre développement éducatif est d’interposer une étape d’évaluation non
automatique entre les objets causatifs et les réponses émotionnelles.
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Malgré
les succès remarquables de la neurobiologie, notre compréhension du cerveau
humain est assez incomplète.
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L’esprit
conscient des êtres humains, armé d’un soi complexe et s’appuyant sur des
aptitudes encore plus grandes de mémoire, de raisonnement et de langage,
engendre les instruments de la culture et ouvre la voie à de nouveaux modes
d’homéostasie au niveau de la société et de la culture. Faisant un bond
extraordinaire, l’homéostasie acquiert ainsi une extension dans l’espace
socioculturel.
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L’émergence
de la conscience a ouvert la voie à une vie digne d’être vécue.
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Bibliographie
- L’erreur de Descartes, éditions Odile Jacob, 1995
- Le sentiment même de soi, éditions Odile Jacob, 1999
- Spinoza avait raison, éditions Odile Jacob, 2005
- L’autre moi-même, éditions Odile Jacob, 2010
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