mardi 15 octobre 2013

Jeremy Rifkin



L’élan empathique est la conscience existentielle de la vulnérabilité que nous partageons tous ; quand il s’exprime, il devient célébration de notre aspiration commune à vivre.
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La rétroaction empathique permanente est le ciment qui rend viables des sociétés de plus en plus complexes. Sans empathie, l’idée même de vie sociale et l’organisation d’une société seraient inconcevables. Essayez donc d’imaginer une société de narcissiques, de psychopathes ou d’autistes. Pour qu’il y ait société, il faut être sociable, et pour être sociable il faut être empathique.
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Si un bébé prend forme dans un utérus, un individu prend forme dans une relation.
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Ce ne sont pas les individus qui créent la société, c’est la société qui crée les individus.
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Si la mère, par exemple, ne laisse pas le bébé découvrir joyeusement et créer magiquement le bout de sein mais place la bouche sur le sein, l’enfant se voit refuser la possibilité de construire les souvenirs sensoriels qui lui permettront, finalement, de se percevoir en individu distinct agissant sur et avec d’autres individus distincts. Par la façon dont elle entame cette première relation avec le bébé, la mère l’aide à devenir un être individuel. Dès le tout début, la relation crée l’individu.
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Si le parent peut créer le juste équilibre entre le maintien d’un attachement sûr et l’encouragement simultané à l’exploration indépendante, l’enfant va développer un salubre sens du moi et acquérir la maturité émotionnelle nécessaire pour se lier aux autres et développer des relations riches de sens. Mais si le parent ne peut pas apporter un sentiment chaleureux et sécurisant et permettre au tout petit d’explorer le monde, l’enfant grandira avec un sens du moi entravé et ne parviendra à établir avec les autres que des relations superficielles.
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Les théoriciens des relations d’objet ont placé devant la nature humaine un miroir neuf et y ont vu une autre image de notre espèce : un animal affectueux, extrêmement social, aspirant à la compagnie, abhorrant la solitude et biologiquement prédisposé à manifester de l’empathie à l’égard des autres vivants.
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La notion traditionnelle d’évolution, qui mettait l’accent sur la concurrence et la lutte pour s’assurer des ressources et se reproduire, se trouve tempérée, en ce qui concerne les mammifères au moins, par de nouveaux résultats : ils suggèrent que la survie du plus apte peut être une question de comportement social et de coopération autant que de force physique et de compétition.
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C’est en jouant que nous élargissons notre conscience empathique et apprenons à devenir véritablement humains.
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A chaque étape du développement du nourrisson, des formes plus élaborées de communication gestuelle activent des neurones miroirs et instaurent des circuits de résonance plus compliqués, posant ainsi les bases du plus complexe des modes de communication empathique – le langage. L’idée est claire : nous ne naissons pas avec l’aptitude à parler ; celle-ci est plutôt le stade ultime de la complexification des communications gestuelles, rendu possible par l’extension de l’empathie et la transmission culturelle.
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La communication orale est presque toujours assortie de mouvements des mains, d’expressions du visage, de gestes. Ils apportent les nuances visuelles qui amplifient, qualifient et modifient nos énoncés. Ils ancrent nos communications dans une Gestalt spatio-temporelle et aident les autres à interpréter ce que nous voulons dire : ils sont aussi importants que le ton pour transmettre l’intention.
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Nous sommes nés pour veiller sur la vie.
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Tout individu se constitue dans la relation avec d’autres.
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Le parent « juste assez bon » - comme le dirait Winnicott – applique à l’enfant, au cours d’un événement disciplinaire, la pression juste suffisante pour qu’il soit prêt à écouter ce que le parent a à lui dire sur la détresse qu’il a infligée à un autre. Si le comportement de l’enfant est abordé sur un mode qui n’est pas jugeant mais au contraire attentionné et affectueux, il est probable que l’intervention suscitera la détresse empathique et un sentiment de culpabilité, donc le désir d’apporter réparation à la victime.
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Maturation de l’empathie et développement moral sont une seule et même chose.
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Si l’on se ressent comme inexistant, mis au ban de la société et sans valeur personnelle, on est incapable de puiser dans ses réserves d’empathie pour éprouver la douleur d’un autre. Ne pouvant plus se lier émotionnellement, l’intéressé se replie sur lui-même ou extériorise son sentiment d’abandon en déchaînant sa rage sur les autres.
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Paradoxalement, alors qu’elle feint d’adhérer aux normes les plus hautes de perfection morale, la culture de la honte produit en réalité le mépris de soi, l’envie, la jalousie et la haine pour les autres. Tout au long de l’histoire, les cultures de la honte ont été les plus agressives et les plus violentes, parce qu’elles verrouillent l’élan empathique et, avec lui, la capacité d’éprouver la souffrance d’un autre et d’y réagir par des actes de compassion.
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Les cultures de la honte font preuve d’une puissance terrifiante pour écraser l’empathie et transformer les humains en monstres.
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Nous savons aujourd’hui que la détresse empathique est biologiquement innée. Quand elle se déclenche au contact de la souffrance d’un autre, en particulier si le sujet a l’impression d’en être en partie responsable, elle peut susciter un sentiment de culpabilité et un désir de faire amende honorable.
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La surréaction empathique permanente peut épuiser l’affectivité, émousser l’empathie et aboutir à un retrait émotionnel de la situation.
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Nous avons désespérément besoin, existentiellement, de savoir qui nous sommes et ce qui nous fait vivre – ce que veut dire être un humain.
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Nous sommes des animaux aptes à la coopération comme à la compétition. Mais c’est la première sensibilité qui est biologiquement innée et qui fixe les règles sociales. Dans ce cadre, nous rivalisons parfois pour promouvoir nos intérêts. Mais si notre intérêt personnel s’écarte trop du lien social, nous risquons l’ostracisme.
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Sans émotions, sans sentiments, plus d’empathie. Et un monde sans empathie est étranger à l’idée même de l’humain.
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Etre en vie, c’est être physique, fini et mortel. C’est être conscient de la vulnérabilité de la vie et de la fatalité de la mort. Vivre exige une lutte incessante pour être, et s’accompagne de douleurs, de souffrances et d’angoisses autant que d’instants de joie.
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Si nous refoulons la corporéité de notre existence et rejetons les émotions qui nous relient très physiquement au monde, nous perdons la capacité de ressentir de l’empathie pour d’autres, c’est-à-dire l’essence même de ce qui fait l’être social.
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L’expérience humaine incarnée est la façon dont les humains se fraient leur chemin vers la réalisation de toutes les connexions qui composent ce que nous nommons la réalité.
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Le sens de la vie, c’est de la célébrer aussi pleinement et largement que nous le pourrons.
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La liberté est la capacité d’optimiser pleinement le potentiel de sa vie, et une vie accomplie est une vie vécue en bonne compagnie, dans l’affection et l’appartenance, qui sont rendues possibles par l’approfondissement et l’enrichissement continu de nos expériences et de nos relations personnelles avec d’autres. De ce point de vue, on est libre quand on a été élevé dans une société qui donne des occasions d’empathie.
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L’argent et l’autonomie, (…) isolent plutôt de la richesse des relations avec les autres. Notre réalité devient plus insulaire, plus rétrécie, nos vies plus solitaires.
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Nous ne sommes réellement libres que lorsque nous sommes en confiance entre nous, lorsque nous nous autorisons à partager nos luttes pour être et pour nous épanouir.
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S’identifier à la lutte d’un autre comme si elle était la sienne est le stade ultime du sentiment d’égalité.
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L’aptitude à nous reconnaître en l’autre et à reconnaître l’autre en nous est une expérience très démocratisante. L’empathie est l’âme de la démocratie. C’est une façon de prendre acte du fait que chaque vie est unique et inaliénable, et qu’elle mérite une égale considération dans l’espace public.
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Plus la culture est empathique, plus ses valeurs et ses institutions de gouvernement sont démocratiques. Moins la culture est empathique, plus ses valeurs et ses institutions de gouvernement sont totalitaires.
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Ce n’est que lorsque nos lointains ancêtres ont rompu avec le cycle naturel et ont lentement pénétré dans la conscience historique que la peur de la sinistre faucheuse a commencé à leur gâcher la vie.
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Célébrer la vie signifie la vivre ardemment avec d’autres.
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Transformer les relations en moyens efficaces d’atteindre des fins productives détruit l’esprit empathique.
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Les relations profondes se cultivent, se nourrissent ; elles souffrent quand on les soumet au diktat de l’horloge.
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En acceptant la mort, nous affirmons la vie.
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Si la fascination respectueuse peut conduire à la transcendance, elle peut aussi mener au désespoir. Quand on ne parvient pas à trouver un sens global à l’existence, la fascination se mue aisément en angoisse. On est alors confronté à une crise du sens personnel, autrement dit à une crise de la foi – la foi, au fond, est la conviction que l’existence a un sens.
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Tant que l’expérience incarnée sera jugée non pertinente ou contraire aux lois morales, il y aura toujours une fracture entre le comportement constaté et la conduite convenable.
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L’empathie est un comportement incarné, saturé de fascination respectueuse et faisant appel tant aux sentiments qu’à la raison.
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L’empathie se ressent et se pense simultanément. Elle est spontanée
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Etre vraiment humain, c’est ressentir une empathie universelle, donc être moral dans son vécu.
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Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de nous retourner sur notre chemin, de comprendre comment nous en sommes arrivés là, afin de trouver une assise nouvelle et plus sûre pouvant nous libérer de l’entrave entropique et nous permettre de prospérer, en étant moins lourds pour la Terre et plus en harmonie avec les autres animaux et les écosystèmes qui perpétuent la vie.
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C’est par des actes de compassion que nous nous sentons le plus vivants.
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La conscience orale se fie à l’ouïe, la conscience écrite à la vue. A elle seule, cette différence rend compte du profond changement de conscience qui distingue une culture écrite d’une culture orale.
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Les cultures orales sont profondément participatives.
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Le son enveloppe, la vue s’étend. Le premier mène à une conscience comme agréable cocon et la seconde à une conscience exploratrice.
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Dans les cultures orales, communautaires, tout le monde est toujours ensemble.
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L’écriture introduit l’idée de vie privée. Quand on compose une phrase, on est seul avec ses pensées.
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L’acte même de lire est une expérience privée. On se retire de la conversation communautaire et on lit la pensée d’un autre à distance. Si la lecture sacrifie la participation intime, caractéristique des traditions orales, elle permet d’être seul avec les pensées d’un autre, puis avec les siennes quand on réfléchit à ce qu’on a lu : on intériorise le sens d’une conversation menée tout seul.
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Pour passer de la détresse empathique à l’expression empathique, il faut avoir le sens de sa propre existence finie et unique – de son histoire – autant que de celle d’un autre.
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Etre citoyen, c’est être un individu parmi des individus qui tous s’identifient à un pouvoir légal ayant juridiction, et non à une lignée.
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La conscience de notre condition commune d’êtres vulnérables et mortels est le fondement essentiel de l’empathie que nous ressentons les uns pour les autres.
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L’épuisement du seul régime énergétique accessible à Rome constitue un avertissement pour notre propre civilisation, en ces temps où nous commençons à épuiser l’énergie fossile bon marché et facile d’accès qui maintient à flot notre société industrielle.
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Les synergies créées par un nouveau régime d’énergie et de communications facilitent l’instauration de structures sociales plus complexes qui créent les conditions d’un changement qualitatif dans la conscience humaine. Ce changement de conscience se joue dans une dialectique entre une poussée empathique qui progresse et un déficit entropique qui s’aggrave. Cette dialectique suivant son cours, la poussée empathique parvient en général à son point culminant à l’apogée du flux énergétique qui traverse la société, mais elle se dissipe quand ce flux d’énergie décline et que le déficit entropique monte. Lorsque les externalités entropiques finissent par dépasser en valeur l’énergie qui irrigue l’infrastructure de la société, la civilisation s’étiole et parfois meurt. Avec l’aggravation de la situation économique, l’érosion de la stabilité politique et la montée du désespoir, les progrès de l’empathie se ralentissent et même s’inversent. La confiance sociale fléchit et chacun réserve ses ressources émotionnelles à son cercle restreint.
Si l’interaction entre une poussée empathique et un déficit entropique conduit souvent – mais pas toujours – à l’écroulement, que reste-t-il ? un résidu de la nouvelle conscience qui perpétue sa présence, certes ténues, et qui devient une « ligne de vie » mémorielle, activable quand émergera un nouveau régime d’énergie/communications.
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La poussée d’empathie née aux carrefours cosmopolites d’un grand empire urbain s’est asséchée quand l’universalité d’une époque révolue a cédé la place aux caprices de l’esprit de clocher et de contrée. La xénophobie est alors devenue le nouveau mot d’ordre. Chaque vallée, chaque hameau s’est mué en forteresse, et chaque chaîne de montagne en no man’s land entre le familier acceptable et l’autre, l’étranger.
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Dans une culture « auctoriale », tout le monde devient l’auteur de ce qu’il fait.
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L’idée d’auteur a ouvert la voie au concept de propriété de ses propos. Les lois sur le copyright ont fait de la communication entre les gens une marchandise. On peut posséder ses pensées et ses mots, les autres devront payer pour les entendre.
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C’est l’expérience incarnée qui ouvre la voie à l’expression empathique.
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Pour instaurer un marché national efficace et unifié, la répression, voire l’élimination, des poches de diversité culturelle était une étape cruciale. Créer un mythe national unique et homogène supposait de détruire souvent sans merci, ou d’absorber toutes les versions et les traditions locales qui s’étaient perpétuées pendant des siècles d’histoire européenne.
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Une fois que chaque génération d’écoliers a appris les mêmes matières de la même façon dans la même langue, il n’a guère fallu de temps pour que les habitants d’un pays commencent à croire qu’ils partageaient une même expérience et avaient un destin commun.
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La mission de l’Etat moderne est de créer un environnement totalement rationalisé qui optimise le libre jeu des échanges de biens dans une économie de marché.
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Plus nous nous entourons de possessions, plus elles nous définissent, et nous perdons le contact avec notre être authentique. Il se rétracte.
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La seule solution réelle est de réorienter radicalement la conscience humaine au cours du prochain siècle, afin que l’humanité apprenne à vivre sur une planète commune.
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Les marchés et les Etats sont des prolongements de la culture, jamais l’inverse. Ils ont toujours été et seront toujours des institutions secondaires, et non primordiales, dans les affaires humaines parce que c’est la culture qui crée le manteau empathique de sociabilité grâce auquel les gens peuvent s’engager en confiance les uns par rapport aux autres, tant sur le marché que dans la vie publique.
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La visée de tout savoir est existentielle : il s’agit de nous rapprocher de plus en plus de la compréhension du sens de l’existence et de notre place dans son évolution, à travers les expériences que nous partageons et les significations que nous glanons. Le savoir technique ou professionnel n’est qu’un pur instrument au service de cet objectif général.
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Si nous cherchions la base de l’enseignement du modèle traditionnel des Lumières à l’école, ce serait l’exposé de la méthode scientifique – une conception de la connaissance qui a été pratiquement divinisée dans les siècles qui ont suivi l’ère des philosophes éclairés. On initie les enfants à la méthode scientifique au collège et on leur fait savoir que c’est la seule procédure rigoureuse permettant de collecter des connaissances et d’apprendre quelque chose du monde réel qui nous entoure.
On explique aux élèves que la meilleure façon d’étudier les phénomènes et de découvrir la vérité est l’observation objective. Il est très important d’être neutre, sans passion. L’approche objective des phénomènes postule que le monde se compose d’objets analysables isolément, indépendants des « tout » dont ils font partie. L’observateur scientifique n’est jamais quelqu’un qui participe à la réalité qu’il observe, seulement un voyeur. Quant au monde qu’il observe, c’est un espace froid où n’existent ni soucis de l’autre, ni émerveillement, ni compassion, ni intentionnalité. Même la vie est rendue sans vie pour qu’on puisse mieux la disséquer. Il ne nous reste en fin de compte qu’un monde purement matériel, quantifiable, mais sans qualité.
Il n’est pas surprenant que des générations d’écoliers aient trouvé l’expérience scolaire décourageante et aliénante. Ils sont censés perdre le sens de l’émerveillement, éliminer la passion, se montrer désintéressés et jouer au simple spectateur de l’existence.
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La méthode scientifique contredit pratiquement tout ce que nous savons de notre nature et de celle du monde. Elle nie l’aspect relationnel de la réalité, interdit la participation et ne laisse aucune place à l’imagination empathique. En fait, on demande aux élèves de devenir étrangers au monde.
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Reparticiper à la nature volontairement, de plein gré : voilà ce qui distingue la conscience biosphérique de tout ce qui l’a précédée.
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A présent, nous avons colonisé pratiquement chaque centimètre carré de la planète et posé l’échafaudage d’une civilisation vraiment mondiale qui connecte l’espèce humaine dans une seule et unique étreinte, mais au prix d’une facture entropique qui nous menace d’extinction.
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Parfois, la tension entre individualisation et intégration et l’élan qu’elle suscite vers l’intimité et l’universalité à la fois deviennent insoutenables. Le nouveau lien échoue, ou le lien existant claque. C’est dans ces moments de pure terreur, d’effroi, où la société trébuche et perd prise sur son propre sens de l’intime et de l’universel, que les peurs globales de l’humanité se donnent libre cours dans d’incontrôlables déchainements d’oppressions et de violences.
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La prédisposition empathique qui est innée dans notre biologie n’est pas un mécanisme à toute épreuve nous permettant de perfectionner notre humanité. C’est plutôt une possibilité de lier progressivement l’espèce humaine en une seule famille étendue, mais il faut l’entretenir en permanence. Malheureusement, l’élan empathique est souvent laissé de côté dans le feu de l’action, quand les forces sociales vacillent au bord de la désintégration.
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Paradoxalement, le changement climatique nous oblige comme jamais auparavant à reconnaître notre humanité commune, notre malheur commun, d’une façon essentielle, pas superficielle. Nous sommes vraiment tous ensemble dans cette vie et sur cette planète, et aucun d’entre nous n’a un ailleurs où s’échapper, où se cacher, parce que la facture entropique créée par notre espèce a enveloppé la Terre et nous menace d’une extinction de masse.

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Bibliographie



- Une nouvelle conscience pour un monde en crise, éditions Babel, 2012

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