L’unité de la pensée et de ses
expressions symboliques se présente comme une constante correction, comme un
perpétuel affinement.
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En termes pavloviens on pourrait dire que
l’environnement humain est le premier conditionnement des dominantes
sensori-motrices, ou en termes piagétiens que le milieu humain est le lieu de
la projection des schèmes d’imitation.
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A toutes époques, et dans toutes les
cultures, les hommes ont imaginé une Grande Mère, une femme maternelle vers
laquelle régressent les désirs de l’humanité.
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Pas plus que les images ne coïncident
avec le rôle ou le comportement psycho-social, elles ne recoupent le consensus
sexuel. Un mâle n’a pas forcément une vision virile de l’Univers.
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Tout individu étant par là un androgyne
psycho-physiologique peut manifester, tant dans les rêves que dans les
projections imaginaires de l’état de veille, une fantastique sexuelle sans
point commun avec sa sexualité physiologique. Chaque mâle est habité par des
potentialités représentatives féminisantes, « l’anima », et chaque
femme possède au contraire un « animus » imaginaire.
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La représentation imaginaire est pouvoir
général de se mettre à la place de l’autre.
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Non seulement la fonction fantastique
participe à l’élaboration de la conscience théorique, mais encore, elle ne joue
pas dans la pratique le simple rôle d’un refuge affectif, elle est bien un
auxiliaire de l’action. Non pas peut-être en ce que le jeu est initiation à
l’action, mais plus profondément parce que toute culture avec sa charge
d’archétypes esthétiques, religieux et sociaux, est un cadre dans lequel
l’action vient se couler. Or toute culture inculquée par l’éducation est un
ensemble de structures fantastiques.
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C’est au moment même où l’imagination
tombait en discrédit dans la pensée occidentale que le terme de rhéteur
devenait lui aussi péjoratif…
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Les « erreurs et faussetés »
imaginaires étaient bien plus courantes, bien plus universelles dans la pensée
des hommes que les « vérités » fragiles et étroitement localisées
dans le temps et le monde, ces « vérités » de laboratoire œuvres du
refoulement rationaliste et iconoclaste de la présente civilisation.
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Pourquoi négliger les
« erreurs » lorsqu’elles apparaissent comme la chose la mieux
partagée ? Et surtout lorsque ce partage semble se faire selon un certain
ordre révélateur d’une certaine vérité ? Un humanisme véritable ne doit-il
pas prendre en charge tout ce qui plaît universellement sans concept, et bien
plus : tout ce qui vaut universellement sans raison ?
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Notre civilisation rationaliste et son
culte pour la démystification objective se voit submergée en fait par le ressac
de la subjectivité brimée et de l’irrationnel. Anarchiquement les doits à une
imagination plénière sont revendiqués aussi bien par la multiplication des
psychoses, le recours à l’alcoolisme et aux stupéfiants, au jazz, aux
« hobbies » étranges, que par les doctrines irrationalistes et
l’exaltation des plus hautes formes de l’art.
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L’objectivité, la « Science »,
le matérialisme, l’explication déterministe, le positivisme s’installent avec
les plus indéniables caractéristiques du mythe : son impérialisme et sa
fermeture aux leçons du changement des choses. L’objectivité est devenue,
paradoxalement, culte fanatique et passionné qui refuse la confrontation avec
l’objet.
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Une des tâches les plus honnêtes dans la
recherche de la vérité et le soucis de démystification, c’est bien de discerner
la mystification et le mythe. Et de ne point jouer sur la racine des mots.
Vouloir « démythifier » la conscience nous apparaît comme
l’entreprise suprême de mystification et constitue l’antinomie
fondamentale : car ce serait effort imaginaire pour réduire l’individu
humain à une chose simple, inimaginable, parfaitement déterminée, c’est-à-dire
incapable d’imagination et aliénée à l’espérance. Or la poésie comme le mythe
est inaliénable. Le plus humble des mots, la plus étroite compréhension du plus
étroit des signes, est messager malgré lui d’une expression qui nimbe toujours
le sens propre objectif.
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Il n’y a d’honneur véritable, pour
l’homme, que celui des poètes.
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Jadis les grands systèmes religieux
jouaient le rôle de conservatoire des régimes symboliques et des courants
mythiques. Aujourd’hui pour une élite cultivée, les beaux arts, et pour les
masses, la presse, les feuilletons illustrés et le cinéma, véhiculent
l’inaliénable répertoire de toute la fantastique. Aussi faut-il souhaiter
qu’une pédagogie vienne éclairer, sinon assister cette irrépressible soif
d’images et de rêves. Notre devoir le plus impérieux est de travailler à une
pédagogie de la paresse, du défoulement et des loisirs. Trop d’hommes en ce
siècle de « l’éclairement » se voient usurper leur imprescriptible
droit au luxe nocturne de la fantaisie. Il se pourrait bien que la morale du
« vous chantiez, j’en suis fort aise ! » et l’idolâtrie du
travail de la fourmi soient le comble de la mystification.
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Un humanisme planétaire ne peut se fonder
sur l’exclusive conquête de la science, mais sur le consentement et la
communion archétypale des âmes.
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C’est l’objectivité qui jalonne et
découpe mécaniquement les instants médiateurs de notre soif, c’est le temps qui
distend notre assouvissement en un laborieux désespoir, mais c’est l’espace
imaginaire qui au contraire reconstitue librement et immédiatement en chaque
instant l’horizon et l’espérance de l’Etre en sa pérennité.
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En cette fonction fantastique réside ce
« supplément d’âme » que l’angoisse contemporaine cherche
anarchiquement sur les ruines des déterminismes, car c’est la fonction fantastique qui ajoute à
l’objectivité morte l’intérêt assimilateur de l’utilité, qui ajoute à l’utilité
la satisfaction de l’agréable, qui ajoute à l’agréable le luxe de l’émotions
esthétique, qui enfin dans une assimilations suprême, après avoir
sémantiquement nié le négatif destin, installe la pensée dans l’euphémisme
total de la sérénité comme de la révolte philosophique ou religieuse.
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Non seulement on vit et l’on meurt pour
des idées, mais la mort des hommes est absoute par des images.
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Bibliographie
Les
structures anthropologiques de l’imaginaire, éditions Dunod, 1992
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Sur internet
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