La
thèse, autrefois largement partagée, et reprise parfois encore aujourd’hui,
selon laquelle les fonctions sensorielles, perceptives et motrices seraient la
prérogative exclusive de certaines aires séparées entre elles, semble être le
fruit d’une simplification excessive. En particulier, il est de plus en plus
évident que le système moteur possède une telle multiplicité de structures et
de fonctions qu’on ne peut plus le confiner au rôle de simple exécuteur passif
de commandes ayant leur origine ailleurs.
.
Partager,
au niveau viscéro-moteur, l’état émotionnel de quelqu’un ne signifie pas
cependant être en empathie avec lui. Par exemple, si nous percevons une grimace
de douleur, ce n’est pas pour autant que nous sommes amenés automatiquement à
éprouver de la compassion. Certes, cela arrive souvent, mais ces deux processus
sont distincts, au sens où le second implique le premier, mais non l’inverse.
Outre la reconnaissance de la souffrance, la compassion dépend de bien d’autres
facteurs, comme par exemple de notre connaissance de l’autre, des relations que
nous entretenons avec lui, de notre capacité à nous identifier à lui, de notre
désir d’endosser sa situation émotionnelle, de ses désirs, de ses attentes,
etc. Si c’est quelqu’un que nous connaissons ou qui ne nous inspire aucun
sentiment négatif, la résonance émotionnelle provoquée par la vue de sa
souffrance peut nous inspirer de la compassion ou de la pitié ; mais les
choses peuvent se passer tout autrement si cet individu est notre ennemi ou
bien si, dans une situation donnée, il est en train de commettre un acte qui
représente pour nous un danger potentiel ; il se peut aussi que nous
soyons profondément sadiques, et que la souffrance des autres nous procure du
plaisir, etc. Dans chacune de ces situations, nous percevons immédiatement la
douleur d’autrui, mais cette perception n’induit pas nécessairement chaque fois
une coparticipation empathique.
.
L’étude
du système moteur nous avait orientés vers une analyse neurophysiologique de
l’action capable d’identifier les circuits neuraux qui régissent nos rapports
avec les objets. La mise en lumière de la nature et de la portée du mécanisme
des neurones miroirs semble, à présent, nous offrir une base unitaire à partir de
laquelle nous pouvons commencer à comprendre les processus cérébraux
responsables de cette riche palette de comportements qui scandent notre
existence, et dans laquelle prend corps le réseau de nos relations
interindividuelles et sociales.
*
Bibliographie
Les neurones miroirs, éditions Odile
Jacob, 2008
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Sur internet
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