Franck
creusa un trou d’environ un mètre cinquante et large de quatre vingt dix
centimètres. Il lui fallut manœuvrer car les racines du laurier résistaient à
cette agression et se défendaient. Le soleil, devenu rouge, était sur le point
de se coucher. Les moustiques tremblaient au-dessus de l’eau. Les abeilles
étaient rentrées chez elles. Les lucioles attendaient la nuit. Et une légère
odeur de grappes de muscat, picorées par les colibris, apaisa le fossoyeur.
Quand enfin la chose fut faite, un vent bienvenu se leva. Frère et sœur
glissèrent le cercueil aux couleurs pastel dans la tombe verticale. Lorsqu’elle
fut recouverte de terre, Franck tira de sa poche le morceau de bois incrusté de
sable et deux clous, qu’il enfonça à l’aide d’une grosse pierre pour le fixer à
l’arbre. Un clou se recourba et devint inutile, mais l’autre tint suffisamment
pour exposer les mots que Franck avait peints sur l’écriteau de bois.
Ici se dresse un homme.
Vœu
pieu, peut-être, mais il aurait pu jurer que le laurier se faisait une joie
d’acquiescer. Ses feuilles vert olive s’agitèrent en tous sens à la lueur d’un
opulent soleil rouge cerise.
.
Je
suis resté un long moment à contempler cet arbre.
Il
avait l’air tellement fort
Tellement
beau.
Blessé
pile en son milieu
Mais
vivant et bien portant.
Cee
m’a touché l’épaule
Légèrement.
Franck ?
Oui ?
Viens,
mon frère. On rentre à la maison.
*
Bibliographie
- Home,
éditions 10/18, 2012
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