À propos de Temudjin, de Antoine Ozanam et Antoine Carrion, aux éditions Daniel Maghen, 2019
Les données de la physique tendent à laisser supposer l’existence de mondes parallèles.
Certains, dans cet espace, imaginent que nos esprits se promènent, mêlés à nos existences somatiques.
Les « scientifiques » liés à la philosophie positiviste, eux, cherchent désespérément à identifier dans nos cerveaux le siège de nos pensées.
Ils ne trouvent que traces d’activité tandis que les pensées, elles, voyagent.
Il faut du dessin pour aller montrer ces univers où corps et esprits ne faisant qu’un errent selon des déterminations qui nous échappent.
Nous ne sommes pas les jouets du destin, nous ne faisons que nous en approprier les subtilités.
J’écrivais que l’on nous voulait un alors que nous sommes au moins deux, sinon plus.
En nous-mêmes se tiennent tant de facettes que la diversité donne vertiges et boutons aux maniaques du un.
Un seul être prédéterminé par ses gènes et ses neurones.
Un seul être parfaitement aligné, parfaitement semblable à ce qu’ils imaginent de cette unité introuvable.
On croit se connaître, élever sa conscience, mais voilà que toujours elle se dérobe, nous laisse parfois avec le goût amer du désespoir.
Notre corps sans esprit ne ressemblerait à rien, notre esprit sans corps, nul ne l’a jamais rencontré.
Un et deux, et parfois trois ou plus, nous sommes à la fois en mesure de nous appréhender et de nous perdre.
Il nous faut nous perdre parfois, nous tromper souvent, assumer nos erreurs toujours pour mieux nous découvrir un et multiple.
Qu’importe que Temudjin soit le grand Gengis Khan ou pas.
Qu’importe qu’il ne soit qu’une de ses multiples réincarnations, il est et n’est pas.
Il est proie d’un destin qu’il refuse et qu’il assume faute de mieux, par amour de cette partie profonde de lui-même qui le fait masculin et féminin, toujours oscillant d’un côté à l’autre du miroir sans jamais vraiment être certain d’être dans le vrai.
Il nous invite à ne pas vouloir le vrai, mais à saisir ces pépites de vérités qui nous plongent en nous-mêmes et dont la quête parfois nous éloigne.
Il faut la force et la beauté du dessin pour nous aider à voyager d’un univers à un autre, sans jamais bien comprendre sur quel versant se tient Temudjin, sur quel autre se construit Gengis Khan, dans l’impermanence du temps.
Un livre à déguster comme une oeuvre d’art.
Xavier Lainé
12 mai 2020
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