A propos du livre de
Niroz Malek, Le promeneur d'Alep, éditions Le serpent à plumes 2015
Tout le monde ne peut
être Niroz Malek écrivant sous les bombes, à Alep.
Mais tout le monde
devrait lire Niroz Malek pour comprendre que tout le monde ne peut
demeurer sous les bombes et écrire.
Que, parfois, il devient
urgent de fuir.
D'ailleurs, qui me dit
aujourd'hui que Niroz Malek n'a pas été contraint, lui aussi, de
s'échapper à cet enfer ?
Car d'Alep il ne reste
plus qu'une ombre, il semble bien. Et la mise à mort de ce lieu là
signe en quels territoires d'inhumanité nous sommes entrés depuis
les premières bombes sur Bagdad, en deux mille trois.
Dès la première lueur
phosphorique, en cette aube funeste, il fallait voir, au-delà, le
symbole lancé comme stade ultime du capitalisme libéral avancé :
le chaos et le choc pour toute culture, rasant tout sur son passage
au mépris de la mémoire et des nécessaires vertus culturelles.
Les enfants, les monstres
libérés par ce choc poursuivent leur route, rasent et pillent,
violent et assassinent, sèment partout leur terreur aveugle.
Et il faut s'appeler
Niroz Malek et être encore digne de beau mot d'humain pour écrire
de cet enfer : « J'ai cessé d'écrire quand m'est
parvenu au loin le bruit d'un avion. Le cœur serré, je me suis
demandé : Quelle sera la cible ? »
Nul ne peut comprendre
les fuites éperdues et le long cortège de leurs victimes s'il ne
lit Niroz Malek.
© Xavier Lainé,
Manosque, 22 novembre 2015
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