La
« Théorie du chaos », formulée par les sciences les plus en pointe
actuellement, nous apprend que tous les possibles peuvent surgir du chaos.
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Ce
serait donc l’aptitude à construire les structures mêmes de la pensée qui
définirait la spécificité de l’intelligence humaine, intelligence qu’on peut
appeler réflexive, qui permet de s’emparer des constats perçus
« intuitivement », de les préciser et surtout d’établir entre eux des
corrélations selon une combinatoire extrêmement complexe, ou pour mieux dire,
qui complexifie quasi indéfiniment la complexité.
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La
pensée « primitive » se représente le mouvement en se référant aux
mécanismes interrelationnels de la nature, multi fonctionnels et
multi-paramétriques, qui ne peuvent être représentés de façon linéaire. Pour le
chasseur, le mouvement est celui du gibier. En germe, une représentation
linéaire du temps coulant comme un fleuve.
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Ce
n’est pas la « culture » qui a désorganisé les structures biologiques
propres à l’humain, comme l’a développé Lorenz, c’est une déviation imprimée
aux composantes de cette « culture », qui s’articulaient ensemble en
maintenant les équilibres, tant dans les mentalités que dans les systèmes de
société.
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L’éloge
de l’écriture comme élément déterminant d’un progrès n’est plus à faire. Son
rôle est incontestable pour conserver la mémoire des avoirs qui ne pouvaient
s’en dispenser. Mais cet acquis s’accompagne d’importantes déperditions.
L’écriture donne à des scribes la haute main sur une expression fixée de la
langue, dont l’expression orale constamment renouvelée était le patrimoine de
tous. Quand l’écriture sera assez souple pour consigner des écrits, ce sont ces
récits écrits par des scribes dévoués aux puissants qui seront conservés. C’est
également le premier média, le premier intermédiaire entre les hommes et leur
propre expérience, leurs savoirs, leur mémoire. Elle est un double infiniment
appauvri du langage qu’elle pétrifie. L’écriture permet une spoliation de ce
bien commun à tous, le langage, qui a été un grand moteur de l’hominisation –
de la parole plurielle, mémoire des savoirs communautaires.
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Traduit
littéralement, Sargon signifie : « Je suis le roi légitime ».
Il est tout, sauf légitime. Ce titre relève du mécanisme de la dénégation décrit
par Freud. Ici, rien à mettre au compte des facéties de l’inconscient. La
contre-vérité est d’autant plus claironnée que l’imposture est criante. C’est
une figure de l’impudence de l’ordre guerrier quand il atteint une forme
achevée. Une manière de chef-d’œuvre a été réalisée en la matière au XXème
siècle par les sociétés socialistes écartelées entre l’idéologie dont elles se
réclamaient pour se légitimer et leurs pratiques.
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Dès
le IVème millénaire, plus tôt selon certains auteurs, les guerriers aguerris de
la vague mégalithique ont envahi l’Eurasie occidentale. Elle a laissé ses
sinistres traces avec les dolmens, menhirs, tumulus et hypogées, sépultures des
grands guerriers aspirant à l’immortalité. Les dolmens reproduisent en plus
grand les micro-dolmens trouvés par l’abbé Breuil, qui couvrent le squelette
d’un seul homme. L’entourage de dalles protège le cadavre de la putréfaction.
Ce type de sépulture est inspiré par une idée paysanne pervertie de la terre
matricielle. Le mort (individuel), qui participait au renouvellement de la vie
universelle, entend échapper à la loi naturelle et survivre post mortem,
puisqu’il se voit lui-même comme « surnaturel », dompteur des animaux
et des autres hommes.
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Les
centaines de villages lacustres trouvés dans les régions alpines et pré-alpines
sont les témoins de la menace que ces bandes font peser sur ces régions. Les
anciens préhistoriens avaient interprété que ces habitats lacustres
protégeaient les habitants des animaux. Ils les protègent de l’espèce animale devenue
la plus féroce quand elle est contaminée par le virus guerrier.
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Hommes
réquisitionnés pour les travaux forcés, terres laissées en jachère, populations
châtiées si elles ont résisté ou sacrifiées dans les sacrifices rituels
guerriers, ces terroirs sont le lieu d’un anéantissement de l’ordre paysan par
un ordre guerrier qui peut-être a été lui-même détruit par les effets de sa
propre destruction, ou qui a sévi jusqu’à ce que les Celtes s’emparent de
l’Occident.
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C’est
le moment de signaler ( ce que la représentation de l’histoire égyptienne ne
rend pas évident) que tout changement de dynastie suppose une rupture. Ce peut
être par extinction d’une lignée, mais c’est souvent le signe d’une usurpation
par un « coup d’Etat ».
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Le
virus qui atteint les hommes dans ce qui avait donné ses meilleurs chances à
l’espèce, son intelligence, se propage en épidémie.
Les
terrifiantes activités de ceux qui sont atteints par ce virus rappellent celles
des organismes qui s’entredévorent dans les « écosystèmes », sauf que
les déséquilibres qu’ils déclenchent ne se rééquilibrent jamais. Insoupçonnable
deux millénaires plus tôt, ce chiendent dévaste les luxuriants jardins
mésopotamiens.
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Cyclones
tourbillonnants, mêlées à n’en plus finir, Roi des Rois de l’Univers basculant
de leur trône, jusqu’à ce que, environ douze siècles après Sargon, la maladie
guerrière entre dans une phase de crise aigüe avec les Assyriens.
Cette
crise aigüe durera six siècles, le temps qui nous sépare de la guerre de cent
ans . Pendant ces six siècles, la folie guerrière, qui ne se résume pas à
celle des combats, atteint des paroxysmes qui resteront indépassés jusqu’au
2àème siècle de notre ère.
Six
siècles qui font six cents ans et correspondent à l’histoire vécue par à peu
près vingt-quatre générations. Pourtant, pendant ces six siècles, la résistance
de l’ordre paysan ne s’est pas relâchée. Impitoyablement châtiées, les révoltes
n’ont jamais cessé, et elles ont fini par avoir raison du monstre assyrien.
Mais les peuples qui ont subi son joug ne s’en sont jamais remis. Jamais tout à
fait. Même quand une pâle aurore se lève après ce long cauchemar.
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Le
zoroastrisme a été adopté par les souverains perses comme religion d’Etat,
comme bien plus tard l’empereur romain Constantin, et après lui les empereurs
byzantins et les chefs guerriers germaniques adopteront le christianisme
héritant de l’hébraïsme monothéiste. Caution de leur propre souveraineté. Et
elles sont bien commodes, ces religions de rédemption qui attribuent le Mal aux
péchés des hommes, en occultant le rôle des guerriers.
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C’est
sans doute la première grande religion qui se fonde sur le lessivage des
mémoires populaires et qui, sous le couvert de la lutte contre le Mal, invite
les déshérités à se racheter de ce Mal dont ils ne sont pas coupables, de s’en
racheter par une docilité aux puissants qui, elle, n’est pas un leurre.
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Le
rôle des gens de savoir a été déterminant pour conserver l’ancien système de
valeur. Lignées de « sages », dont la sagesse s’enracine dans celle
de l’ordre paysan, qui ont été les catalyseurs et les conservateurs du
patrimoine collectif de savoirs des civilisations archaïques.
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C’est
parce que très tôt la tradition « paysanne » a été confirmée par
Confucius, que la Chine a conservé les grands équilibres qui lui ont permis
pendant plus de deux millénaires d’être une des plus grandes civilisations
planétaires, donnant la mesure des possibles de l’ordre « paysan ».
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Sans
entrer dans le détail de l’édifice tao, on en retient seulement qu’il recueille
l’essentiel de l’héritage des sociétés archaïques paysannes : l’accord des
humains avec les lois de la nature, le rappel que la vie humaine ne prend sens
qu’en s’inscrivant dans la vie universelle.
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Bibliographie
- L’enfance
de l’humanité, des communautés pacifiques aux sociétés guerrières, éditions
L’Harmattan, collection Passerelles de la Mémoire, 1997